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ELUCUBRATIONS ARCTIQUES 2023

par Joël MARC 27 Novembre 2023, 16:00 Jade articles en cours de rédaction

                           AN ACHIEVABLE DREAM

 

 

 

 

 

 

Oasis à Kodiak. Cliff et son chien.
Oasis à Kodiak. Cliff et son chien.
Oasis à Kodiak. Cliff et son chien.
Oasis à Kodiak. Cliff et son chien.

Oasis à Kodiak. Cliff et son chien.

 

 

Il est un peu plus jeune que moi et ce n'est pas la première fois que nos routes se croisent. Cliff Rome est grand (comme tous les américains), mince (pas comme tous les américains), un port altier, une élégance naturelle. Un gentleman.

Et pourtant si quelqu'un met " les mains dans le cambouis" c'est bien lui.

Son bateau c'est OASIS, sa devise "An Achievable Dream" le titre d'ailleurs de son blog.

Lui et moi nous sommes faits pour nous entendre.

Son navire est une splendeur devant laquelle à chaque fois je me dis " comment faire plus beau?". Non pas que ce soit la merveille absolue, un Class J à l'élégance rafinée ou un super yacht sorti de chez Royal Huismans.

Non, c'est un Delta Marine 70' construit à Seattle il y a bientôt 35 ans.

A le voir il parait absolument neuf. Sa coque, d'un profond vert anglais, est un vrai miroir.

Tout ce que l'oeil accroche tient de la perfection. Et c'est lui Cliff qui veille à tout dans tous les détails, il y passe une bonne partie de sa vie.

Sa fierté, mais là à mon avis on atteint le "trop parfait", c'est à l'intérieur, une centrale (plusieurs centrales) electroinformatique de sa conception avec des écrans analogiques lumineux par dizaines, pour tout absolument tout contrôler sur son bateau où qu'il se trouve.

Il y a des capteurs partout et des caméras en pagaille. Un goutte d'huile dans la cale moteur et je suis certain qu'une alarme retentit. Y compris quand il est chez lui en Californie.

Un peu trop, mais Cliff est victime de sa passion.

Si je vous en parle c'est parcequ'au cours d'une conversation il me dit" tu ne peux pas imaginer, Joël, le nombre de passants qui s'arrêtent admiratifs et qui me disent: "fantastique votre bateau, quelle chance vous avez..." Et je leur réponds invariablement: "mais la chance c'est vous qui vous la créez, la chance c'est beaucoup de travail, beaucoup de temps, beaucoup de courage, je suis parti de rien".

Voilà pourquoi il a changé "Unachievable dream" en "An Achievable dream" : un rêve réalisable. Il a réalisé son rêve.

Je ne suis pas loin de penser comme lui . 

Si certains me croient "chanceux" d'autres qui me connaissent bien me savent têtu, travailleur et surtout RÊVEUR.

Mais le secret c'est de faire des rêves réalisables.

 

 

L'aspect extérieur du moteur inspire confiance! Et les cadrans digitaux/ analogiques contrôlent absolument tout.
L'aspect extérieur du moteur inspire confiance! Et les cadrans digitaux/ analogiques contrôlent absolument tout.L'aspect extérieur du moteur inspire confiance! Et les cadrans digitaux/ analogiques contrôlent absolument tout.
L'aspect extérieur du moteur inspire confiance! Et les cadrans digitaux/ analogiques contrôlent absolument tout.L'aspect extérieur du moteur inspire confiance! Et les cadrans digitaux/ analogiques contrôlent absolument tout.

L'aspect extérieur du moteur inspire confiance! Et les cadrans digitaux/ analogiques contrôlent absolument tout.

                                   

 

 

                                     ZOPILOTE

                        UNE BELLE HISTOIRE DE MER

 

 

 

 

 

 

 

Zopilote en 1985. Bruce Kessler et Joan Kessler devant Spirit of Zopilote récemment.
Zopilote en 1985. Bruce Kessler et Joan Kessler devant Spirit of Zopilote récemment.
Zopilote en 1985. Bruce Kessler et Joan Kessler devant Spirit of Zopilote récemment.

Zopilote en 1985. Bruce Kessler et Joan Kessler devant Spirit of Zopilote récemment.

Le tout premier Delta Marine 70 que j'ai pu admirer c'est Zopilote.

C'était à Nouméa en 1990. Son propriétaire Bruce Kessler, un metteur en scène célèbre Outre-Atlantique, effectuait un tour du monde et j'en avais entendu parler en lisant les revues nautiques qui s'en faisaient l'écho. C'était à l'époque un exploit de traverser le Pacifique depuis Los Angeles au moteur à bord d'un trawler tout droit issu de la grande pêche.

Delta Marine à l'époque construisait en série des bateaux de pêche: purse seiners et trawlers en fibre de verre que nous croisons souvent en Alaska encore de nos jours, en parfait état. Mais Zopilote fut le premier yacht construit sur ces mêmes plans et dans le même matériau.

J'étais très intrigué, étonné, admiratif et, prenant mon courage à deux mains, j'ai osé héler Bruce depuis le Quai des Scientifiques pour recueillir son témoignage: alors? C'est comment un trawler ? J'étais littéralement fasciné alors que je mettais à l'époque en chantier Savannah, un voilier en aluminium vraiment extraordinaire et que j'ai eu par la suite un autre voilier, Marianne, jusqu'en 2015 !

Mais c'est à ce moment précis que la graine a germé doucement.

Bruce était pleinement satisfait de sa vie à bord de Zopilote et je n'ai jamais oublié cette rencontre qui a fait qu'aujourd'hui je navigue sur un trawler assez semblable en moins volumineux.

Il a accompli son tour du monde en 3 années passionnantes et s'en est retourné à Los Angeles en 1993.

Il se trouve que l'année suivante j'étais en route pour Juneau au départ de Seattle .

Nous faisons escale à Campbell River en British Columbia. Et là je tombe en arrêt devant le sister ship de Zopilote mais de couleur différente. Son nom: No Le Hace...

J'approche et tombe sur le propriétaire qui me confirme bien que le bateau est un Delta Marine 70 tout neuf. Mieux, il m'annonce l'arrivée le lendemain de Bruce Kessler!!!

Et il me dit "vous savez ce qui lui est arrivé bien sûr" 

"Ben non, pourquoi?"

Zopilote a coulé la semaine dernière en heurtant une roche non hydrographiée en Alaska dans l'Ouest de Ketchikan. Bruce a tout perdu. Dramatique fortune de mer.

Le lendemain j'assiste discrètement à l'arrivée à bord de Bruce. Il me reconnait et à l'évocation de son bateau il fond en larmes, ce grand type costaud avec son tour du monde sans aucune anicroche.

Il devait un peu plus tard mettre en chantier à Seattle Spirit of Zopilote, un peu moins gros (64') mais très proche dans les formes et la belle couleur de coque.

D'ailleurs je l'avais immédiatement repéré quelques années plus tard à Camden dans le Maine où nous revenions d'une magnifique croisière en Nouvelle Ecosse.

Bruce était à bord et m'a dit " tu ne peux pas imaginer à quel point je regrette aujourd'hui mon Zopilote, il avait la taille idéale, il nous a donné tant de joies". 

J'approuve bien entendu car je suis aussi attaché que lui à mon bateau.

Je pourrais presque citer Lamartine " objets inanimés avez-vous donc une âme qui s'attache à votre âme et la force d'aimer?"

Un bateau n'est pas une chose, un objet dont on se sert. On partage sa vie pendant des années, on en connait les moindres recoins, on sait exactement comment il va réagir dans certaines circonstances et puis on le bichonne pour partir vraiment confiant vers l'Aventure!

 

 

 

  

 

 

 

 

 VIVRE LIBRE EN MER: PLUS DIFFICILE QU'AVANT!

 

 

 

 

 

 

 

 

Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .
Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .

Floreana. Post Office Bay autrefois. Galapagos .

Cette année encore Jade va tranquilement nous mener là haut, en Arctique, où ceux qui ont peur du froid ne vont pas. Ils ne savent pas ce qu'ils manquent mais, d'un autre côté, nous on est au calme loin des embouteillages des Antilles ou de Méditerrannée.

Ces coins splendides mais qu'il fallait découvrir il y a 50 ans.

C'est comme les Galapagos: je ne m'y arrête plus.

Imaginez vous dans les années 70: la liberté de découvrir cet archipel absolument fabuleux, unique, qui avait d'ailleurs servi de refuge à toute une colonie allemande fuyant le fascisme naissant des années 30. Ils avaient délibérément choisi le coin le plus paumé de la planète!! Là où personne ne va.

Nous les avions rencontrés en 1976 quand nous ramenions notre premier voilier Xango de La Rochelle à Nouméa. Ils nous avaient fascinés, mi Robinson Crusoe, mi Professeur Tournesol. Je dis ça parceque l'un d'entre eux, Karl Angermeyer, avait investi une grotte dominant la petite baie de Puerto Baquerizo Moreno où il avait installé un genre de museum d'Histoire Naturelle, peuplé de créatures terrestres ou marines très rares recueillies au cours de ses explorations à la Darwin.

Jacques, Georges et moi étions subjugués par sa culture. J'ai encore en tête sa question, à laquelle à l'époque nous ne savions répondre: "le requin est-il un animal ovipare ou vivipare"?. Il tenait dans sa main un oeuf de requin, nous l'avons compris plus tard.

Hé bien "les deux mon capitaine"!!!

Sur l'île de Floreana on rencontrait Margret Wittmer non sans une certaine crainte: durant les années 30 plusieurs allemands et une baronne excentrique venus s'installer du côté de chez les Wittmer disparaissaient bizarrement sans laisser de traces quand d'autres quittaient subitement l'île pour aller vivre sous d'autres cieux...Une ambiance de mystère rodait à cette époque.

Madame Wittmer et une de ses petites filles nous accueillaient chaleureusement et je revois encore la gamine me préparer des oeufs au plat pour tout repas dans leur restaurant faisant aussi "maison d'hôte" dirait-on aujourd'hui.

L'enfant tenait un couteau et d'un coup sec cassait la coquille très proprement avant de  mettre l'oeuf à frire.

Cela parait idiot mais avant ce jour j'avais toujours vu ma mère, et moi par la suite, casser l'oeuf sur le rebord de la poêle. C'était la première fois et depuis ce jour j'en ai pris l'habitude.

Ma "madeleine de Proust" ou "ma première gorgée de bière"...Un souvenir lointain et un plaisir minuscule!

Il faut dire qu'aujourd'hui à bord de Jade je me suis fait une spécialité de servir systématiquement des oeufs au bacon pour le petit déjeuner et à chaque petit coup sec de la lame sur la coquille j'ai une pensée pour cette petite fille de Floreana.

Et puis, à Floreana, on ne pouvait pas faire escale sans aller à Post Office Bay où un tonneau servait de boîte aux lettres utilisée traditionnellement par les pirates qui y séjournaient entre deux attaques de galions espagnols chargés de l'or du Pérou.

Ils emportaient à leur bord des tortues géantes qui survivaient des mois retournées sur le dos pour leur procurer une excellente viande fraîche.

Un poteau de bois au dessus du tonneau servait de support aux nombreuses plaques gravées du nom des voiliers de passage bien peu nombreux. Nous avions cloué la notre juste au dessous de celle de Thetis II appartenant à Mr. Guérou et immatriculé à Nouméa ! 

Nous jouions avec les iguanes et les phoques en plongée. Nous piquions notre poisson et nos langoustes.

La lancha de la Prefectura nous accompagnait parfois pour nous faire découvrir des paysages insoupçonnés.

Aujourd'hui aux Galpagos : 2 mouillages autorisés, formalités coûteuses en passant obligatoirement par un "agent" et si on veut un tant soit peu se balader, voir les iguanes et les tortues: prenez un guide ou plutôt un bateau de charter à l'allure de HLM ...

Terminé pour moi.

Le paradoxe c'est que ce sont les descendants des premiers Robinsons des Galapagos qui sont aujourd'hui à la tête des sociétés de charters qui sillonnent avec leurs bateaux  l'archipel, surchargés de touristes venus de tous les horizons.

Je dois, à mon corps défendant, dire que si la Nouvelle Calédonie n'est pas envahie par le tourisme de masse, Dieu merci, la plaisance n'est plus la bienvenue dans bien des endroits dont ce joyau absolu qu'est l'Île des Pins. Corps mort obligatoire, un seul mouillage possible devant la sublime plage de Kuto et sans doute une petite redevance pour la "coutume"... Ne parlons pas d'Ouvéa ou Beautemps Beauprès (deux autres joyaux interdits) et même des îlots du Sud où les gens de l'île Ouen montent la garde.. 

Ce n'est pas ma conception du voyage en Mer. 

Voyager en Mer c'est d'abord être LIBRE  .

Là où j'emmène Jade, je suis libre, absolument libre, les mouillages sont vides et incroyablement sûrs, les paysages à couper le souffle.

Les animaux sont chez eux, nous entourent, parfois même d'un peu trop près!

Les pêcheurs sont à peu près les seuls humains avec lesquels nous échangeons fraternellement: ils bossent dur mais ne sont pas jaloux. Ils gagnent très bien leur vie et ces 3 ou 4 mois de travail intense leur permettra de vivre confortablement le reste de leur année souvent dans un tout autre Etat sur la côte Est et aussi, bien souvent, en exerçant un autre métier.

Les américains bougent!! Changer de métier n'est pas un problème!!

Ce n'est pas encore dans l'ADN du français!!!!

 

Charters aux Galapagos aujourd'hui.
Charters aux Galapagos aujourd'hui.
Charters aux Galapagos aujourd'hui.
Charters aux Galapagos aujourd'hui.

Charters aux Galapagos aujourd'hui.

                 

 

 

                 RETOUR A ROCHE HARBOR (WA)

 

 

 

 

 

 

 

Mark vient nous accueillir à l'aéroport de Friday Harbor. La très chic marina de Roche Harbor.
Mark vient nous accueillir à l'aéroport de Friday Harbor. La très chic marina de Roche Harbor.
Mark vient nous accueillir à l'aéroport de Friday Harbor. La très chic marina de Roche Harbor.
Mark vient nous accueillir à l'aéroport de Friday Harbor. La très chic marina de Roche Harbor.
Mark vient nous accueillir à l'aéroport de Friday Harbor. La très chic marina de Roche Harbor.

Mark vient nous accueillir à l'aéroport de Friday Harbor. La très chic marina de Roche Harbor.

Jade est au mouillage devant Friday Harbor dans l'Etat de Washington. 

Une île magnifique de l'archipel des Orcas entre Seattle, la riche métropole, et Victoria sur l'Île de Vancouver.

Comme assez souvent depuis 2017 je laisse Jade tout près de là, dans la très chic Marina de Roche Harbor. D'Octobre à Mai  les tarifs d'hiver sont très raisonnables. Après, durant l'été, ce n'est plus accessible qu'aux très riches citadins de Seattle qui ignorent tout de la technique du mouillage et se précipitent dans les marinas pour socialiser. Certaines ancres sont tellement brillantes que ce serait un crime de les laisser s'enfouir dans une vase malodorante!!

Alors en Mai Jade quitte son beau ponton pour le mouillage en attendant de s'ébrouer pour de bon vers des contrées plus sauvages .

 

                   

 

 

 

                         UN EQUIPAGE DE CHOIX

 

 

 

 

 

 

Dominique , Claude et Alain...
Dominique , Claude et Alain...
Dominique , Claude et Alain...
Dominique , Claude et Alain...
Dominique , Claude et Alain...

Dominique , Claude et Alain...

Mark en tenue de travail.

Mark en tenue de travail.

Mark Matthews habite Friday Harbor où il exerce le métier de douanier.

J'en ai parlé lors des épisodes précédents, c'est un hasard heureux que de l'avoir rencontré. Il est immédiatement tombé amoureux de Jade et ne supporterait pas que je la laisse entre les mains d'un employé quelconque chargé de veiller sur les bateaux pendant l'hiver comme le font la plupart.

Il le prendrait comme un affront.

Donc Jade a été choyée encore pendant l'hiver. Je recevais régulièrement des photos du moniteur de batteries, du thermomètre intérieur ou des aussières .

Cette année a vu le retour à bord pour 6 mois de Claude, mon fidèle second depuis qu'il nous a rejoint en 2016 au Japon.

Le Covid l'a éloigné malheureusement pendant 3 ans et seul sans lui je m'épuise à l'entretien et à la maintenance de ce grand bateau au point que l'an dernier je me posais sérieusement la question de continuer ou pas : j'étais sorti lessivé des 3 semaines de boulot à raison de 12h/jour rien que pour préparer l'hivernage.

Il est arrivé avant moi cette année et a bien avancé la préparation technique .

Et puis, de retour à bord, Alain Caradec venu  d'Uruguay où il vit, pour passer deux mois avec nous en Alaska.

Il nous rend un immense service en s'attaquant dès son arrivée aux mains courantes en teck vernis. Tout décaper et 4 couches : un boulot qui lui prendra un bon mois. Il faut dire que le vent et la pluie sont les ennemis jurés du vernis! Et il y en a beaucoup cette année.

Alain sort d'une bien triste épreuve et venir nous rejoindre c'est une façon d'essayer d'oublier et de reprendre goût à la vie.

Dominique m'a accompagné cette année: elle n'avait pas mis les pieds à bord depuis 2019, Covid et autres soucis professionnels, et elle se fait une joie de naviguer de nouveau dans ces coins si beaux et dans le plus grand confort.

 

 

 

       

 

 

 

         PORT TOWNSEND: UNE VILLE HISTORIQUE                                     AU DESTIN ETONNANT 

 

 

 

 

 

 

Assez rapidement nous appareillons de Friday Harbor pour une balade classique pour moi à présent dans le Puget Sound, cet immense dédale de fjords de la région de Seattle qui se termine à Olympia, la capitale de l'Etat de Washington.

L'occasion de tester le bateau, de terminer certaines mises au point tardives et puis de rendre visite à nos amis de Gig Harbor, Mark, Joel et Matt qui y vivent dans un cadre tellement reposant qu'on a du mal à imaginer que Seattle et Tacoma sont là à quelques miles. 

En cours de route nous faisons escale à Port Townsend qui mérite vraiment une mention tout à fait particulière: c'est en effet pour tout le NW américain la capitale des vieux gréements. 

L'Olympic Peninsula et ses sommets enneigés domine la ville de Port Townsend. Les équipements de levage sont exceptionnels.
L'Olympic Peninsula et ses sommets enneigés domine la ville de Port Townsend. Les équipements de levage sont exceptionnels.

L'Olympic Peninsula et ses sommets enneigés domine la ville de Port Townsend. Les équipements de levage sont exceptionnels.

Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.
Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.

Port Townsend, une belle ville de style Victorien tournée vers la Mer.

 

                                                               PORT TOWNSEND

 

A port Townsend le mouillage n'est pas évident: en arrivant de Friday Harbor on traverse le large détroit de Juan de Fuca et derrière une pointe (Wilson Point) marquée par un phare se découvre la ville étendue sur un ou deux milles et au loin vers l'est on distingue les fumées d'une grande usine de pâte à papier.

Vers l'ouest se détachent les impressionnants  sommets enneigés de l'Olympic Peninsula.

Le site est magnifique.

Il y a deux marinas, l'une juste à droite en entrant, très ancienne, non accessible pour Jade et l'autre loin vers l'Est beaucoup plus importante, accueillant de gros navires et supérieurement équipée en chantiers et engins de levage (le travel lift peut soulever des bateaux de 300 tonnes).

Par principe j'évite les marinas et mouille simplement devant la ville en faisant bien attention à ne pas me retrouver sur les route des ferries .

Cette ville est fascinante et il s'en est fallu de peu qu'elle ne devienne la capitale de la région avant Seattle et Tacoma.

Située idéalement au débouché du détroit de Juan de Fuca, par où passe la totalité du trafic maritime destiné à l'immense région du Nord Ouest Américain, elle avait tous les atouts.

Dans les années 1870/1890 la ville connut un essor considérable  car la voie ferrée passant par Tacoma devait y faire son terminus .

Le train n'est jamais arrivé à Port Townsend et la ville a totalement périclité.

Tacoma a gagné!

C'était l'époque victorienne et  par chance la plupart des splendides  bâtiments  sont restés debout, bien  entretenus et la ville a repris son essor ces dernières années  devenant une curiosité touristique historique.

Pour nous, outre son attrait esthétique, la ville abrite la North West School of  Wooden Boatbuilding qui délivre des diplômes universitaires dans le domaine de la construction navale traditionnelle. Les frais d'entrée sont de 16800 us dollars/an!

C'est la capitale incontestée des vieux gréements et tous les ans, début septembre a lieu le célèbre Wooden Boats Festival.

Ouvert à tous les bateaux en bois de construction traditionnelle à voile ou à moteur.

Quel  immense  plaisir de voir tous ces merveilleux bateaux régater sur le vaste  plan d'eau qui s'étend au pied de la vieille ville de pierre.

 

             

Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.
Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.

Port Townsend , une ville totalement tournée vers la construction navale traditionnelle.

                     

 

 

 

 

 

                   LA R2AK, LA COURSE EXTREME

 

 

 

 

 

 

 

                                ELUCUBRATIONS ARCTIQUES 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023
La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023

La flotte hétéroclite au départ de la R2AK 2023

                 LA R2AK, LA COURSE EXTREME

 

Nous sommes début juin et c'est un autre évènement qui accapare notre attention.

C'est le départ de la R2AK comprenez : Race to Alaska.

Une course unique au monde qui, par certains côtés fait penser à l'Iditarod et ses 1600 km à chiens de traineaux depuis Anchorage jusqu'à Nome au coeur de l'Alaska en plein hiver.

Ici c'est en bateau: 750 milles entre Port Townsend et Ketchikan en Alaska.

L'idée c'est  de perpétuer une tradition millénaire : cette route était déjà celle des canoës et kayaks indiens, puis des explorateurs européens du 18ème, puis des steamers surchargés de chercheurs d'or durant la ruée vers l'or du Klondike vers la fin du 19ème.

Aujourd'hui c'est la route classique des grands ferries et des énormes Cruise Ships qui empruntent l'Inside Passage pour monter vers Juneau, Skagway ou Glaciers National Park

Les règles sont simplissimes, les voici dans un anglais limpide:

This isn’t for everyone

It’s like the Iditarod, on a boat, with a chance of drowning, being run down by a freighter, or eaten by a grizzly bear. There are squalls, killer whales, tidal currents that run upwards of 20 miles an hour, and some of the most beautiful scenery on earth.

The hardest kind of simplicity

You, a boat, a starting gun. $10,000 if you finish first, a set of steak knives if you’re second. Cathartic elation if you can simply complete the course. R2AK is a self-supported race with no supply drops and no safety net. Any boat without an engine can enter.

En résumé: tout  bateau non motorisé peut participer, le seul moyen de propulsion étant  le vent ou l'homme lui-même. Pas mal de chances de passer à l'eau, dévoré par un grizzli ou abordé et coulé par un cargo...

Quand j'ai vu les bateaux rassemblés dans la petite marina de Point Hudson j'ai été très surpris. Je m'attendais à voir des bateaux de course un peu futuristes et plus particulièrement des multicoques.

Sur les 40 participants il y a de tout : le plus gros, un monocoque de 40' futur vainqueur, le plus petit un wing foil de 8', une quantité de kayaks à un ou deux rameurs, de canoës, d'étranges embarcations de construction amateur où la propulsion humaine est prioritaire.

Il  faut dire que le parcours est semé d'embûches.

Pour le connaître par coeur à présent j'ai remarqué bien souvent le manque de vent,  ou bien la tempête (rarement) obligeant à se mettre rapidement à l'abri sans moteur, et les courants d'un bout à l'autre du parcours ce qui demande beaucoup d'attention aux phénomènes de marées et la connaissance des éventuels contre courants.

Une première étape de mise à l'épreuve relie Port Townsend à Victoria, la capitale de la Province canadienne de  British Columbia. 40 milles présentant toutes les difficultés du parcours: vents variables à faibles, courants de marées et mer agitée, important trafic maritime avec risques non négligeables d'abordages.

 

Beaucoup de bateaux légers étaient équipés de vélos  actionnant des hélices : la vitesse peut alors atteindre les 2 ou 3 noeuds sur mer plate .

Finalement c'est donc le monocoque de 40' et ses 8 équipiers qui est arrivé en tête en un peu moins de 6 jours et a remporté les 10000 dollars. Les autres ont eu droit à un set de couteaux à steak et surtout la fierté de l'avoir fait!

Le premier bateau à rame a mis 15 jours et demi et le premier kayak 18 jours.

Seuls 17 bateaux sont arrivés en Alaska.

       

 

 

 

         LES BATEAUX AUSSI ONT DROIT A DES FUNERAILLES   

 

 

 

 

 

 

Le James Robert Hansenn au départ de New York en 2006 et l'équipage vainqueur à l'arrivée
Le James Robert Hansenn au départ de New York en 2006 et l'équipage vainqueur à l'arrivée
Le James Robert Hansenn au départ de New York en 2006 et l'équipage vainqueur à l'arrivée
Le James Robert Hansenn au départ de New York en 2006 et l'équipage vainqueur à l'arrivée

Le James Robert Hansenn au départ de New York en 2006 et l'équipage vainqueur à l'arrivée

       LES BATEAUX AUSSI ONT DROIT A DES FUNERAILLES                 

 

La veille du départ nous nous baladions sur le port à l'affût d'une belle photo.

A un moment donné mon regard est attiré par un grand canot à l'allure  typique de ces bateaux équipés pour traverser les océans à la rame, comme celui de notre célèbre Gérard d'Aboville .

En m'approchant je constate que plusieurs équipiers s'activaient sur tout l'accastillage. Je pensais qu'ils l'installaient mais c'était tout le contraire, on enlevait tout ce qui était récupérable : capots, panneaux solaires, ferrures, cadènes etc...

Bizarre, j'avise un géant barbu coiffé d'un stetson fatigué "what are you doing?"

Et voilà que tout devient limpide.

Jordan Hanssen est le fils de James Robert Hanssen mort lorsque Jordan avait à peine 3 ans.

Le canot porte son nom.

Jordan l'a construit en 2006 pour participer à la première course à la rame entre New York et l'Angleterre. Il a convaincu un groupe d'amis de Seattle et ils l'ont gagnée en 71 jours pour 3200 milles. Un record homologué par le Guiness Book of records.

Ce sont les mêmes amis, qui sont là avec lui, s'acharnant sur les ferrures en inox.

Plus tard en 2013 il tente le trajet inverse entre Dakar et Miami mais en plein triangle des Bermudes le bateau est retourné par une vague scélérate et fortement endommagé. 12heures plus tard ils sont hélitreuillés par les coast guards et le bateau délabré part à la dérive. 10 jours plus tard le James Robert Hanssen est récupéré en bien mauvais état par un cargo qui le prend en pontée.

Jordan est très éprouvé, le bateau ne peut plus naviguer en sécurité et il décide de le confier au Musée Maritime de Tacoma.

Mais voilà qu'au bout d'une dizaine d'années le Musée ne peut plus le garder et demande à Jordan de le récupérer.

Jordan songe à le brûler à la manière des Vikings ou à le couler dans le profond Lac Washington mais les deux techniques sont non seulement interdites mais très polluantes.

Alors il décide de lui offrir des funérailles solennelles à Port Townsend où depuis des années une entreprise déconstruit les navires dans les meilleures conditions possibles de respect de l'environnement et de recyclage ( le DNR: Department of Natural Ressources).

Jordan et ses fidèles équipiers parviennent à parcourir sans encombres la distance séparant Tacoma de Port Townsend.

Là tout est organisé pour que le James Robert Hanssen entame son dernier mille entouré d'une foule d'admirateurs et sous les accords de l'Amazing Grace jouée par un bagpiper et un violon irlandais.

Il n'aura pas fallu longtemps pour que les énormes mâchoires de la machine à broyer les bateaux réduisent en minuscules morceaux ce qui quelques instants avant était encore un beau canot détenteur du record de la traversée de l'Atlantique à la rame.

 

Funérailles émouvantes pour un bateau entré en 2006 dans le Guiness Books des records.
Funérailles émouvantes pour un bateau entré en 2006 dans le Guiness Books des records.
Funérailles émouvantes pour un bateau entré en 2006 dans le Guiness Books des records.

Funérailles émouvantes pour un bateau entré en 2006 dans le Guiness Books des records.

 

 

 

 

 VERS ​​​OLYMPIA, CAPITALE DE L'ETAT DE WASHINGTON

 

 

 

 

 

 

 

Gig Harbor et l'impressionnant Mont Rainier visible de partout et en particulier depuis le grand port de Tacoma et son université monumentale.
Gig Harbor et l'impressionnant Mont Rainier visible de partout et en particulier depuis le grand port de Tacoma et son université monumentale.
Gig Harbor et l'impressionnant Mont Rainier visible de partout et en particulier depuis le grand port de Tacoma et son université monumentale.
Gig Harbor et l'impressionnant Mont Rainier visible de partout et en particulier depuis le grand port de Tacoma et son université monumentale.

Gig Harbor et l'impressionnant Mont Rainier visible de partout et en particulier depuis le grand port de Tacoma et son université monumentale.

Quittant Port Townsend nous descendons tranquillement vers Gig Harbor où nous retrouvons nos amis Mark, Joel et Matt qui vivent là depuis plusieurs années dans un cadre de forêts en bord d'une baie tellement fermée qu'elle n'a été découverte que tardivement tant son entrée ne se dévoile qu'au dernier moment. Sans le phare qui la signale on pourrait passer devant sans se douter du petit paradis caché derrière la dune de sable.

De belles maisons en bordent les rives et chacune est équipée d'un ponton où est amarré le bateau.

Jade mouille en plein milieu de la baie sans problème et il me semble que l'on peut rester là sans bouger pendant 3 mois avant que la municipalité ne se pose la question de savoir s'il ne s'agirait pas, par hasard, d'un bateau "ventouse"!!

Gig Harbor est tout près de Tacoma et Seattle et pourtant on est là complètement perdus dans une nature parfaite.

Tout au long de notre balade jusqu'à Olympia, la belle capitale de l'Etat de Washington nous sommes dominés par la masse colossale, d'un blanc éclatant, du Mont Rainier et ses 4400m, un volcan impressionnant iconique de la région de Seattle.

A Olympia je retrouve mon copain Rick et j'emmène mon équipage faire une visite surprenante.

Juste en face du ponton visiteurs où Jade est amarrée en toute sécurité, il y a une véritable cité lacustre, une petite ville en bois posée sur l'eau calme.

Les rues sont en bois et les maisons aussi. Elles sont toutes alignées assez semblables. Rick possède une des plus importantes : ce sont des Boat Houses construites pour accueillir un bateau. Il y a une belle porte d'entrée avec une poignée en cuivre, une fenêtre et une plaque avec numéro et nom du propriétaire.

Rick est heureux de nous montrer son Jean-Marie, un Selene 49 absolument immaculé qu'il bichonne tous les jours. Cette année il va monter en Alaska comme nous.

J'admire une dernière fois le magnifique capitole dont la silhouette se reflète dans une vaste pièce d'eau où nagent quelques cygnes. On se croirait presque à Washington DC.  

 

 

Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .
Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .
Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .
Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .
Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .
Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .

Olympia et sa ville lacustre pour yachts!! Rick nous fait visiter son beau Jean-Marie bien abrité .

     

 

 

 

     LA REMONTEE VERS LE NORD ET SES DANGERS

 

 

 

 

 

 

 

Dangers : drifting logs, dead heads....
Dangers : drifting logs, dead heads....
Dangers : drifting logs, dead heads....
Dangers : drifting logs, dead heads....
Dangers : drifting logs, dead heads....
Dangers : drifting logs, dead heads....

Dangers : drifting logs, dead heads....

Dangers: les courants de marée...

Dangers: les courants de marée...

La destruction en 1958 du Ripple Rock en plein milieu des Seymour Narrows un obstacle mortel à la navigation.

La destruction en 1958 du Ripple Rock en plein milieu des Seymour Narrows un obstacle mortel à la navigation.

Au retour nous faisons un crochet par Bellingham que je visite pour la première fois.

Dernière ville américaine avant la frontière Canadienne, sur le Continent.

Un port très actif d'où appareillent les grands ferries qui montent jusqu'à Juneau puis Seward et Kodiak.

Nous y avons rendez vous avec un frigoriste qui nous a été recommandé: un artiste qui règle un problème qui trainait depuis un bon moment en moins d'une demi-heure. C'est bon signe pour la suite : on va pouvoir congeler du Halibut et du crabe quand on sera là-haut !!

Nous retournons vers Roche Harbor dire aurevoir à Mark le douanier et passons la frontière canadienne sans problème.

La remontée vers l'Alaska à travers la British Columbia c'est 750 milles environ dans des fjords gigantesques mais quasiment toujours à l'abri.

Comme je l'écrivais plus haut les plus grands dangers sont les courants parfois violents, parfois insurmontables si on n'a pas prévu le passage en fonction de la marée.

Par chance les mouillages sont très nombreux et souvent bien placés pour attendre quelques heures la renverse du courant

Une curiosité, qu'il est intéressant de connaître, se rencontre du côté de Campbell River, pompeusement surnommée "capitale mondiale de la pêche au saumon" (ça me rappelle un peu, à nous calédoniens qui visitons souvent la Nlle Zélande, les panneaux à l'entrée de Havelok, dans les Marlboro Sounds: "Havelok, capitale mondiale de la moule verte"!!).

Campbell River est une ville assez importante située sur la rive Est de la grande île de Vancouver, au bord d'un détroit agité de très forts courants. Ici se rencontrent le courant de marée venu du Nord de l'ïle, au large de Port Hardy, et celui venu du Sud par le détroit de Juan de Fuca. Si bien qu'il est fréquent de naviguer avec un fort courant portant et quelques milles plus loin avec le même courant mais cette fois dans le nez!!

Et puis juste au Nord de la ville se trouve le passage redouté des Seymour Narrows avec ses courants pouvant atteindre 16 noeuds!!

En plein milieu se trouvait Ripple Rock, une véritable montagne sous marine, un danger effroyable qui a vu des dizaines de naufrages de cargos et que le gouvernement canadien a décidé de faire sauter en 1958. Son explosion fut à l'époque la deuxième plus forte de l'Histoire après Hiroshima.

Aujourd'hui ce danger a disparu mais pas le courant.

Je pense alors aux concurrents de la R2AK sur leurs kayaks: en visant bien et avec la bonne marée je suis sûr que certains passent à plus de 10 noeuds, mais attention aux tourbillons gigantesques .

 L'autre danger auquel on ne s'attend pas quand on découvre cette route pour la première fois c'est les logs flottants, des pièces de bois énormes que l'on distingue à peine pour peu qu'il y ait du clapot.

Parfois on croise de véritables forêts dérivantes.

D'autres fois le tronc flotte verticalement et on n'en distingue qu'une toute petite portion: les canadiens les nomment "dead head logs". Les plus dangereux de tous car à peine visibles et capables d'endommager sérieusement une coque ou ses appendices (safran, stabilisateurs, hélices).

La remontée vers l'Alaska prend environ une dizaine de jours pendant lesquels nous naviguons 8 à 10 heures au milieu de montagnes couvertes de forêts. En cette fin de mois de juin nous sommes baignés de lumière jusque tard dans la soirée et nous profitons de mouillages calmes et inondés de couleurs par les rayons du soleil couchant.

Des exploitations forestières sont installées sur les berges et les logs sont amarrés sur des barges ou carément reliés les uns aux autres pour former des îles flottantes que tirent à 3 noeuds de petits, mais puissants, remorqueurs. C'est ce qui explique la présence de ces bois flottants qui s'échappent parfois du convoi.

Mais c'est une des richesses de la région destinée à la fabrication de pâte à papier.

J'ai toujours été fasciné par le fait que le reboisement n'est absolument pas organisé par l'homme dans la mesure où de nouveaux arbres ne sont pas plantés après la coupe.

En réalité les parcelles sont souvent de forme circulaire et la nature se charge des semis : au bout de quelques années on voit de jeunes sapins prendre la place des anciens dont les souches disparaissent bientôt sous le couvert végétal .

 

 

 

 

               

 

 

 

           PETITE FRAYEUR AU GLACIER LECONTE

 

 

 

 

 

 

 

Jade au milieu des growlers du glacier LeConte
Jade au milieu des growlers du glacier LeConte
Jade au milieu des growlers du glacier LeConte
Jade au milieu des growlers du glacier LeConte
Jade au milieu des growlers du glacier LeConte
Jade au milieu des growlers du glacier LeConte
Jade au milieu des growlers du glacier LeConte

Jade au milieu des growlers du glacier LeConte

 

Tout en haut du chemin se trouve Prince Rupert.

Nous ne nous y arrêtons plus, un coup de fil aux douaniers (avec le choix de le faire en français) et nous traversons le bras de mer ouvert vers le large, 20 milles où la houle se fait sentir, qui nous sépare de l'Alaska .

Ketchikan est une escale obligatoire ne serait-ce que pour faire notre entrée officielle en territoire américain.

Cette année les douaniers ne daignent pas venir à bord, tout se fait par téléphone.

Nous ne restons pas longtemps à Ketchikan car cette ville historique, sur le chemin du Klondike, est devenue tellement touristique que pas moins de 4 ou 5 gigantesques paquebots y font escale tous les jours masquant la ville à notre vue depuis le large.

Nous filons donc vers le Nord et notre première vraie escale à Petersburg.

J'avais prévu d'y passer le 4 juillet, fête de l'Indépendance. 

Nous y arrivons un peu plus tôt et je décide de filer vers le glacier LeConte à quelques milles de la petite ville norvégienne.

C'est pour moi l'un des plus beaux glaciers et particulièrement spectaculaire: il ne recule plus, semble-t-il, mais, par contre, il est très actif déversant en permanence des icebergs énormes dans une eau d'un vert pâle de lagon du Pacifique. En réalité cette eau glaciale est très opaque, chargée du "glacial silt" produit par le frottement puissant de la glace sur la roche.

On ne se lasse pas de ce spectacle.

Cette année je me suis fait un peu peur.

Une barrière de glaces très dense m'empêchait de progresser vers le front du glacier. J'aime bien pousser la glace mais là j'ai sans doute éxagéré car Jade s'est retrouvée prisonnière d'une masse compacte de growlers impressionnants. Impossible de battre en arrière au risque de blesser l'hélice. Les propulseurs sont inutilisables pour les mêmes raisons. Il ne reste plus qu'à attendre patiemment car on n'imagine pas la force des courants sous-marins dans ces fonds de fjords et la vitesse avec laquelle la glace, dont le tirant d'eau n'a rien à voir avec celui du bateau, se déplace, libérant des espaces d'eau libre innatendus. 

On n'en mène pas large dans ces circonstances mais l'adrénaline est une drogue dont on use assez souvent!!

La glace est magique.

Plus elle est compacte et soumise à des pressions colossales plus elle est bleue.

Toutes les nuances de bleus nous éblouissent: bleu marine, bleu roi, bleu azur, bleu des mers du sud, bleu pâle et puis blanc éblouissant de la glace chargée de bulles d'air qui se détend avant que le bloc finisse par basculer dans la mer.

Les glaces flottantes ont des formes incroyables et nous ne nous lassons pas d'en faire le tour au ralenti.

Des phoques se dorent au soleil, les bald eagles se posent au sommet, les mouettes s'alignent en rang comme les hirondelles sur des fils électriques.

 

 

               

 

                     

 

 

 

                         PETERSBURG UN 4 JUILLET 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le charme norvégien de Petersburg.
Le charme norvégien de Petersburg.
Le charme norvégien de Petersburg.
Le charme norvégien de Petersburg.
Le charme norvégien de Petersburg.
Le charme norvégien de Petersburg.
Le charme norvégien de Petersburg.

Le charme norvégien de Petersburg.

Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.
Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.

Une fête nationnale bon enfant. Les bottes Xtratuff à l'honneur.

               

 

A Petersburg toute la population et quelques visiteurs venus pour l'occasion sont rassemblés pour fêter le 4 juillet.

La ville a une vieille tradition norvégienne au point qu'il se dit que des norvégiens font le voyage pour se retrouver dans un cadre authentique aujourd'hui disparu en Europe.

Sans doute un peu exagéré!

Maisons de bois sur pilotis peintes de couleurs pastels avec de jolis décors aux motifs floraux.

Nous avons droit au défilé hétéroclite habituel: 4 militaires avec drapeaux, suivis des camions de pompiers, des pom pom girls, la bannière étoilée à tous les étages. Un participant promène son canard apprivoisé dans une brouette.

Le plus original c'est le marchand de bottes, la fameuse Xtratuff (la botte de tous les pêcheurs d'Alaska) qui a réussi à remplacer les deux roues de son vélo par une succession de bottes disposées en étoile sur les quelles il roule assez laborieusement.

Dans l'après midi tout le monde assiste aux joutes nautiques sur l'eau du port à 8°C.

La plus drôle c'est une régate entre deux barques en aluminium dont le rameur a les yeux bandés. Il est guidé par la voix de son équipière qui s'escrime à lui donner la bonne direction. Evidemment ça ne marche jamais et on voit des bateaux tourner en rond ou au contraire filer à l'autre bout du port malgré les hurlements et les gestes totalement inutiles de l'équipière.

Dans un autre genre plus local c'est à qui, des deux concurents, tiendra le plus longtemps, juchés sur un énorme log. En général  même le vainqueur se retrouve à l'eau dans la seconde qui suit la chute de son adversaire. La température de l'eau n'a pas du tout l'air de les impressionner.

Petersburg est un grand port de pêche très actif et sans doute très riche. 

La municipalité a décidé de se passer des paquebots et donc on croise à Petersburg  de rares touristes venus, par le ferry ou l'avion, passer quelques jours heureux dans le calme.

 

Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.
Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.
Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.
Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.
Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.
Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.
Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.

Petersburg un 4 juillet. Joutes nautiques rameur les yeux bandés et eau à 8°.

                                 

 

 

                                 VERS SITKA

   L'ANCIENNE CAPITALE DE LA RUSSIE AMERICAINE

 

 

 

 

 

 

Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.
Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.
Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.
Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.
Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.
Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.
Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.

Sitka ancienne capitale de la Russie Américaine. Dans le port une forêt de tangons.

Trollers et leurs fins tangons, Purse seiners et leur filet circulaire.
Trollers et leurs fins tangons, Purse seiners et leur filet circulaire.
Trollers et leurs fins tangons, Purse seiners et leur filet circulaire.
Trollers et leurs fins tangons, Purse seiners et leur filet circulaire.
Trollers et leurs fins tangons, Purse seiners et leur filet circulaire.

Trollers et leurs fins tangons, Purse seiners et leur filet circulaire.

Impossible de faire plus "surdough" (pêcheur 100% alaskien).
Impossible de faire plus "surdough" (pêcheur 100% alaskien).

Impossible de faire plus "surdough" (pêcheur 100% alaskien).

Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.
Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.

Red Bluff et Takatz Bays, côte est de Baranof.

Quittant Petersburg nous nous hâtons de toucher l'île de Baranof où nous passerons l'essentiel de cette croisière 2023.

Notre premier mouillage sera pour Red Bluff, une des plus belles baies de la côte Est.

Quand on a connu cette île on peut considérer qu'on a une bonne idée de ce que représente l'Alaska .

La capitale c'est Sitka située sur la côte ouest directement sur l'immense Pacifique .

Elle fut pendant longtemps le capitale de la russie américaine et il en reste quelques vestiges, en particulier une belle cathédrale orthodoxe autour de laquelle la ville s'est construite.

Adossée à de hautes montagnes vers l'est elle est orientée vers le large et son port est un des plus importants de l'Etat.

Ici on pêche les meilleurs saumons sauvages au monde tout simplement parcequ'ils arrivent directement du Pacifique par vagues successives et que les bateaux sont à taille humaine (souvent maneuvrés par un seul pêcheur).

Ce sont des trollers: équipés de gigantesques tangons, ils traînent à très petite vitesse de nombreuses lignes et les poissons sont intacts lorsqu'ils arrivent à l'usine où ils sont filetés tout frais et ensuite immédiatement expédiés à l'autre bout du monde.

En vue du grand port de Sitka on ditingue de loin une véritable forêt de tangons que j'ai pris la première fois pour des mâts de voiliers. J'ai vraiment cru arriver dans une marina de plaisance.

Les purse seiners, eux, encerclent les saumons et les entassent dans d'immenses filets où ils sont souvent blessés ou écrasés avant d'être mis en cale. Ceux là sont plus destinés à la conserve qu'à la consommation en filets ou en darnes.

A Sitka j'ai pris l'habitude de débarquer mes amis ou de les embarquer car l'aéroport est très actif et reçoit de nombreux vols internationaux.

Nous y faisons escale quelques jours pour accueillir la soeur d'Alain qui arrive de Montreal.

 

 

                             

 

                     

 

             

                                     

 

 

                                       PELICAN

 

 

 

 

 

 

Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican
Pelican

Pelican

                               

 

 

 

Nous repartons par la côte ouest et Nord vers deux spots que je ne peux pas louper à chaque passage dans la région.

La côte, exposée au large, est très découpée mais les mouillages sont innombrables et toujours excellents.

L'entrée de Lisanski inlet est dangereuse par mauvais temps, parsemée de roches et  de dangers à fleur d'eau qui découvrent, menaçants, au rythme de la longue houle du pacifique. Je n'aime pas trop ce coin où je suis passé seul une fois par mauvais temps: une bonne dose d'adrénaline là aussi.

Le long fjord nous mène à un des joyaux de l'Alaska, l'étonnant petit port de Pelican.

Il ne fait pas très beau et, alors que je repère une place un peu exposée au bout d'un ponton, j'entends appeler Jade en VHF.

C'est le skipper de Venture, un Fleming 65 qui occupe certainement la meilleure place au centre du petit port. Il me propose spontanément d'avancer un peu son bateau pour nous permettre de nous installer derrière lui bien confortablement.

Un monsieur âgé vient nous prendre les amarres, je m'en fais la remarque.

Il navigue manifestement à bord du Fleming.

Son bateau est dans un état extraordinaire d'entretien. J'apprendrai plus tard qu'il a 20 ans.

Le vieux monsieur n'est autre que son propriétaire, Tony Fleming, celui là même qui a créé le chantier du même nom à Taïwan. D'ailleurs il y a à bord une charmante dame, à peu près du même âge, originaire de Formose. Très élégante, rafinée et délicate j'aurai l'occasion par la suite de la retrouver à bord de Venture.

Tony Fleming n'est pas n'importe qui. Son Venture est le numéro 1 de la série et il le met à l'épreuve depuis 20 ans parcourant tous les océans du monde et cherchant sans arrêt toutes les améliorations glanées ici ou là qui pourraient équiper ses bateaux.

Il avait commencé sa vie de constructeur naval à Singapour où il a démarré la fameuse série des Grand Banks qui ont marqué leur époque dans les années 70.

Et puis il a émigré à Taïwan pour y construire les Fleming qu'on retrouve un peu partout dans le Monde.

Cet homme est absolument exquis, modeste et accueillant. Il ne cesse de fimer sa vie et ses voyages et donc notre propre rencontre à Pelican.

Pelican est loin du tourisme de masse : ici deux lodges accueillent des pêcheurs de saumons et de halibuts qui reviennent tous les jours vers 5 heures étaler et peser leurs plus belles prises. Il n'est pas rare de voir débarquer des halibuts de 100kg .

Côté mer toutes les maisons de bois sont construites sur d'immenses pilotis car le marnage est important.

Pas de route mais une longue avenue centrale de bois où circulent quelques quads.

A une extrémité l'usine et l'épicerie très bien achalandée, à l'autre une rivière où vers le mois d'Août les saumons remontent par milliers pour tenter d'atteindre le lac en franchissant une suite de cascades où les attendent les ours.

Cette année nous sommes invités à l'épicerie pour suivre, confortablement installés dans un profond canapé de velours, le premier match de coupe du monde de rugby: France All Blacks.

On a gagné sous les yeux d'américains plutôt distraits car ce n'est pas vraiment leur sport favori.

Tony Fleming et son Fleming 65 Venture
Tony Fleming et son Fleming 65 Venture

Tony Fleming et son Fleming 65 Venture

                         

 

 

                            ELFIN COVE AGAIN

 

 

 

 

 

 

 

Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.
Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.

Retour à Elfin Cove et retrouvailles avec Keith et son chien.

                         

 

La deuxième escale incontournable c'est Elfin Cove quelques 12 milles plus au Nord Est.

Quittant Pelican nous nous retrouvons dans un brouillard à couper au couteau au point que je distingue difficilement l'étrave de Jade.

Au large ce n'est pas un problème insurmontable grâce au radar. Nous croisons d'ailleurs plusieurs trollers sans les voir.

Mais l'entrée d'Elfin Cove approche et là c'est une autre affaire: elle est très mal balisée et très étroite, bordée de chaque côté par des collines élevées.

On ne voit absolument rien.

Tout le monde retient son souffle, mais je suis le seul à bien connaître le coin et je sais que je peux approcher à toucher cette côte accore. Même Caradec n'en mène pas large et je crois que ce jour là il m'a reconnu comme un des siens!!

Dès l'entrée franchie le brouillard s'estompe et nous évoluons dans un paysage familier de petites maisons colorées et de bateaux de pêche.

Depuis qulques années je rentre dans l'arrière-port accessible par un étroit chenal peu profond où Jade s'enfonce surplombée de chaque côté par les longues branches des arbres .

Comme chaque fois aussi il nous faut jouer des coudes pour trouver une place, mais Keith est là et fait bouger quelques bateaux amis pour nous placer en bout de ponton.

A peine amarré ses deux chiens sautent à bord comme si nous les avions quittés la veille.

Keith revient de Lituya Bay et il a croisé Sillage, le voilier de notre ami Raymond qui en sortait. Ils ne se sont pas reconnus et c'est bien dommage car Raymond et Keith sont des experts en histoire de Lituya Bay tant pour La Pérouse et son dramatique séjour, que pour le Tsunami monstrueux de 1958 : une vague de 600m qui a dévasté la baie.

A Elfin Cove on se balade sous la pluie sur les chemins de bois.

On rend visite à Keith qui invariablement nous gave de halibut frit. Il a attrapé un requin de bonne taille dont j'ai oublié le nom et il veut absolument le goûter persuadé que c'est délicieux. En Calédonie nous avons l'expérience des requins et, hormi les tout petits, les autres sont inmangeables car la chair pue l'azote. En effet l'urine du requin est excrétée par la peau. Mais Keith, fier de sa prise, et en bon scientifique, veut tester, nous non!!

Et le résultat ne se fait pas attendre: pouaahhh!! il recrache le morceau et donne le reste aux chiens.

L'épicerie de Elfin Cove vaut de s'y arrêter. Au centre un comptoir banal avec son ordinateur.

Côté nord c'est le magasin à proprement parler avec vraiment le minimum qu'on puisse trouver dans ce coin perdu, côté sud c'est le bottle shop.

Pas question d'acheter de l'alcool côté épicerie, il faut ressortir, ouvrir la porte du bottle shop et se retrouver de l'autre côté du comptoir et là, oui, on peut acheter de l'alcool.

A Elfin Cove exceptionnellement on n'a pas à montrer sa carte d'identité, les cheveux blancs suffisent.

                     

 

 

 

                  A LA POURSUITE DE SILLAGE

 

 

 

 

 

 

 

Sillage et Jade à Neka Bay.
Sillage et Jade à Neka Bay.
Sillage et Jade à Neka Bay.
Sillage et Jade à Neka Bay.

Sillage et Jade à Neka Bay.

                 

 

 

Nous sommes sur la piste de Sillage aperçu pour la dernière fois il y a un an quittant Nouméa.

Il devrait se trouver à Hoonah car il a prévu d'y sortir son bateau au sec pour réparer le sail drive qui fuit depuis Kodiak.

A Hoonah pas de Sillage. Très vite je rentre en contact avec lui au moyen de son petit boîtier In Reach: position Neka Bay à quelques milles au Sud .

Par VHF il me prévient du nombre impressionnant de casiers à crabes et de fait je slalomme pour arriver jusqu'à lui et trouve difficilement une place pour mouiller .

Grandes retrouvailles: embrassades, soupe de champagne et Dungeness crabs énormes au menu. Mayo Raymond.

Pourquoi autant de crabes précisément dans cette baie qui ressemble à toutes les autres ?

Et d'ailleurs nous mouillons nous mêmes nos trois casiers: pêche miraculeuse.

Nous devions revenir mouiller là 2 mois plus tard: même abondance de crabes.

On peut légitimenent se poser la question de la ressource: il faut préciser que nous avons tous un permis officiel, que nous rejetons toutes les femelles (dommage!), que les crabes doivent mesurer plus de 6.5"soit 16.5 cm de largeur de carapace, ce qui est déjà beaucoup. Tous les autres sont rejetés. En définitive la ressource est parfaitement contrôlée et nous pourrons continuer à nous régaler longtemps de crabes en Alaska.

 

  

               

 

 

                QUAND LES EXTREMES SE TOUCHENT

 

 

 

 

Nous quittons Sillage pour continuer notre route vers les beaux mouillages du Chatham strait puis, par le Peril Strait, nous regagnons Sitka pour débarquer Alain et sa soeur après deux mois de balade depuis Roche Harbor.

Pour Alain : rien à voir avec le Sud, la Terre de Feu, le Cap Horn, l'Antarctique ou le Georgie où il aura passé l'essentiel des 35 dernières années, mais je crois qu'il aspire aussi au repos comme nous. Il y a un âge pour tout et il faut passer le relais. Mais aussi l'âge nous rend plus prudents.

Et puis les tristes évènements se sont enchaînés pour lui. Le dernier en date l'a littéralement achevé: la disparition au large des Malouines de Arnaud Dalhenne et de Sophie Belly dont il était très proche et même voisin en Uruguay.

Les Mers du Sud sont très dangereuses tout spécialement lors de ces retours épiques depuis la Géorgie, par 55° sud, contre les grands vents d'ouest du Cap Horn et les growlers cachés dans les crêtes deferlantes. Alain est bien placé pour le savoir: combien de fois est-il rentré à Ushuaïa avec le pavois de Kotick défoncé par un glaçon??

Salut Alain Caradec et à la prochaine.

 

 

           

 

 

 

            REDOUBT BAY ET SON RUN DE SOCKEYES

 

 

 

 

 

 

Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.
Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.
Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.
Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.
Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.
Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.

Le "weir" de Prospect Bay surveille le run des sockeyes. Un" pêcheur à l'épuisette" dans la cascadee.

 

 

Nous voilà trois à bord pour un mois. L'occasion de découvrir de nouveaux mouillages autour de Baranof en passant cette fois  par le sud, longeant la côte exposée à la grande houle du Pacifique mais toujours protégée par une multitudes d'îles et d'îlots créant une véritable route intérieure, abritée, mais parfois semée d'embûches.

A Redoubt Bay fut implantée la première pêcherie de saumons durant l'époque de la Russie Américaine (1804-1867).

A quelques 14 miles de Sitka, un grand lac se déverse par deux cascades dans le fjord où nous mouillons. Les Sockeye ou Red Salmons tentent de franchir les cascades pour aller se reproduire dans le lac. Les habitants de Sitka viennent en canots rapides faire leur approvisionnement en saumons pour le reste de l'année.

Nous y sommes en plein "run" des Sockeyes et nous nous émerveillons de voir ces gens, soit sur la rive, soit parfois s'aventurant dangereusement dans la cascade, armés d'une longue épuisette, attraper au vol les saumons qui sautent pour tenter de passer.

En haut des cascades est installé un très long "weir", sorte de barrage que franchissent les saumons par des ouvertures qui y sont ménagées afin que les biologistes de l'Etat puissent compter ceux qui parviennent à pénétrer dans le lac. Et c'est en fonction des résultats que la pêche est autorisée ou au contraire interdite.

Cette année le run de Sockeye est considérable. Les Sitkans peuvent se réjouir d'autant que ce saumon est pour nous le meilleur de tous. Sa chair délicieuse est d'un rouge éclatant.

 

Sur la route: Whale Bay, Little Arm
Sur la route: Whale Bay, Little Arm
Sur la route: Whale Bay, Little Arm

Sur la route: Whale Bay, Little Arm

           

 

              HALIBUT RECORD A BORD DE JADE

 

 

 

 

 

Port Evergreen.
Port Evergreen.

Port Evergreen.

Sockeye (Red Salmon) frais et Halibut énorme pour nous. Les filets seront ensuite portionnés et mis en sacs sous vide au congélateur.
Sockeye (Red Salmon) frais et Halibut énorme pour nous. Les filets seront ensuite portionnés et mis en sacs sous vide au congélateur.
Sockeye (Red Salmon) frais et Halibut énorme pour nous. Les filets seront ensuite portionnés et mis en sacs sous vide au congélateur.
Sockeye (Red Salmon) frais et Halibut énorme pour nous. Les filets seront ensuite portionnés et mis en sacs sous vide au congélateur.
Sockeye (Red Salmon) frais et Halibut énorme pour nous. Les filets seront ensuite portionnés et mis en sacs sous vide au congélateur.

Sockeye (Red Salmon) frais et Halibut énorme pour nous. Les filets seront ensuite portionnés et mis en sacs sous vide au congélateur.

 

Plus au sud nous faisons escale dans un des plus jolis mouillages de l'ïle: Evergreen Basin dans Puffin Bay.

Il y a de la place pour deux bateaux, mais cette fois nous sommes seuls sous la pluie battante.

N'empêche que nous trainons avec l'annexe et ramenons 4 magnifiques Sockeyes venus tout droit du grand large. Mais l'exploit c'est au petit matin la remontée laborieuse à bord du plus gros halibut jamais attrapé à bord de Jade: 1.67m 65 kg.

Claude s'allonge à côté pour la photo: seule sa tête dépasse un peu!!

Nous sommes obligés de le transpercer avec un harpon spécial avant de pouvoir, à deux, le remonter sur la plateforme. Je l'ai sauvagement assommé à coups de masse car c'est un animal tout en muscle qui donne des coups de queue terribles et on ne compte pas le nombre de jambes et de bras fracturés.

Deux heures de travail pour faire les filets et remplir le congélateur de morceaux calibrés pour de futurs repas. Autant dire que ce poisson a nourri beaucoup de monde y compris à notre retour à Roche Harbor.

Sa chair blanche et juteuse est un vrai régal à toutes les sauces et même en salade tahitienne ou sashimi!

Il n'est pas rare de rencontrer de beaux spécimens dans ces petites baies fermées car les halibuts viennent, comme les ours, se gaver des saumons qui remontent vers les rivières et cascades au fond de baies peu profondes.

 

 

 

                       

 

                   BAY OF PILLARS (KUIU ISLAND)

 

 

 

 

Sur la route: un trawler et deux trollers!!

Sur la route: un trawler et deux trollers!!

Bay of Pillars. Sillage négocie le passage étroit à marée haute.
Bay of Pillars. Sillage négocie le passage étroit à marée haute.

Bay of Pillars. Sillage négocie le passage étroit à marée haute.

Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.
Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.

Bay of Pillars. Allan et son chien. Ruines d'une ancienne cannery et départ de Sillage pour le Sud.

 

 

Tout au sud de Baranof nous saluons respectueusement le sévère Cap Omanney de mauvaise réputation.

Et remontons le Chatham Strait vers le Nord.

Nous avons pour la deuxième fois rendez-vous avec Sillage dans la Bay of Pillars que j'ai recommandée à Raymond.

L'année dernière j'avais passé un moment extraordinaire en longeant la Baie Tebenkof immédiatement à son sud: à perte de vue des souffles de baleines à bosse et un peu partout des "bubble net feedings" dont le spectacle me fascine.

Cette année j'y passe à nouveau mais les baleines sont ailleurs.

Il fait très mauvais et un fort coup de vent, inhabituel en Août est annoncé.

Je sais que Sillage est devant nous mais nous ne le voyons nulle part et mouillons une bonne longueur de chaîne pour étaler le mauvais temps de la nuit qui s'annonce.

Finalement par VHF il m'apprend qu'il a franchi un goulet extrêmement étroit et peu profond, uniquement praticable à marée haute, pour aller se planquer dans un trou à rat où débouche une petite rivière, le Kutlaku Creek.

Il me dira plus tard que tout y était: en plus d'un calme parfait, les saumons, lescrabes les ours... 

La tempête  passée nous reprenons contact et je décole pour tenter de les survoler dans le passage étroit.

J'arrive juste au bon moment et me régale à les fimer alors que Sillage négocie prudemment sa route au milieu des hauts fonds.

Et c'est toujours pareil quand on est pris par l'action, je tarde un peu à rentrer et c'est avec l'alarme du drone à fond que je parcours le 4 km qui nous séparent de Jade. Aterrissage en catastrophe, pas de casse mais c'était chaud!!

Il faut bien réaliser que je n'ai jamais volé qu'à partir du bateau et toujours au dessus de l'eau. Le bateau n'est pas immobile si bien qu'il est illusoire de pousser le bouton "back home" car, c'est alors certain, le drone va plonger dans la mer, pas loin du bateau d'accord, mais c'est pas franchement sympa. Un stress de plus: adrénaline quand tu nous tient!!!

Avec l'équipage de Sillage nous allons rendre visite à Allan, l'ermite du coin qui nous attend avec son beau chien golden retreiver adorable.

Allan vit là une bonne partie de l'année. Il habite une très grosse maison qu'il a construite en 2 mois avec l'aide de nombreux amis venus en trois bordées de 15 ...

Et il a baptisé son coin de rêve "Good Time", no comment.

Un peu trop grand pour lui d'ailleurs.

Il nous encourage à marcher sur la rive à marée basse: il y avait là une ancienne "cannery" aujourd'hui en ruines. Raymond est à son affaire et repart avec une belle brique réfractaire gravée d'une date centenaire.

Au petit jour c'est le moment des adieux: la famille Proner (Ugo, Véronique et Raymond) appareille pour entamer sa descente vers le Sud et la Colombie Britannique.

Pour nous ce n'est pas fini il nous reste plus d'un mois pour profiter des beautés de l'Alaska.

La Bay of Pillars est barrée à l'Ouest par un chapelet de rochers et d'îlots verticaux évoquant vaguement une forme de piliers, mais, avec un bel éclairage, on distingue à travers eux la côte opposée et les glaciers des hauts sommets de Baranof, un spectacle d'une beauté à couper le souffle. Cette année malheureusement c'est la pluie qui nous accompagne tous les jours. On ne distingue rien de l'autre côté du Chatham Strait.

 

 

           

 

              GROSSE FRAYEUR A PAVLOV HARBOR 

 

 

 

 

Tara et son grand père, Michel.
Tara et son grand père, Michel.
Tara et son grand père, Michel.

Tara et son grand père, Michel.

Pavlov Harbor.
Pavlov Harbor.
Pavlov Harbor.
Pavlov Harbor.

Pavlov Harbor.

De retour à Sitka nous allons accueillir, arrivant tout droit de Bordeaux, mon vieux copain de Santé Navale Michel Joullié et sa petite fille Tara.

Tara a la particularité d'être métisse Népalaise, née à Katmandou il y a 23 ans.

Une jolie fille bien plantée et passionnée par la nature. La haute montagne elle connaît mais elle n'a jamais "navigué en haute montagne", c'est une expérience pour elle.

Elle parle un français impeccable mais quand je lui ouvre ma bibliothèque, elle me dit "je ne lis qu'en anglais!!".

Un bouquin par jour en moyenne!!

Dès le premier jour nous escaladons "Harbor Mountain" et je lui fais découvrir le délicat paysage à nos pieds: mer à l'infini du large, multiples îlots boisés dont beaucoup sont privés et abritent une maison et son ponton.

Un bald eagle est perché sur un tronc dénudé.

Il fait un temps de rêve et leur séjour s'annonce plutôt bien.

Je veux leur faire découvrir les plus beaux coins de Baranof et ils seront servis.

A Pavlov, où pour une fois nous sommes absolument seuls, j'envoie Claude et Tara approcher les ours vers la cascade. Il faut dire que ce coin est unique car la cascade a une faible pente et les ours se plantent en plein milieu.

D'ailleurs je les survole de haut profitant de l'excellent zoom du drone pour ne pas les effrayer et j'observe leur technique de pêche: c'est à mourir de rire car, sans exagérer, il faut que le saumon leur passe à moins d'un mètre pour qu'ils daignent donner de la gueule ou de la patte. L'idéal pour eux c'est quand le saumon leur passe carément entre les pattes!

Mais du coup je comprends pourquoi finalement il y a autant de saumons: la plupart échappent assez facilement à leur prédateur.

En revenant je survole le dinghy et je réalise qu'il y a un gros problème: pris par l'action , ils n'ont pas vu la marée descendre et la queue du hors bord, malheuresement restée bolquée en position verticale, est plantée dans un trou. Impossible de sortir de là.

Je file à bord et commence à gonfler la petite annexe restée dans son sac.

Quelques minutes plus tard je les vois arriver la mine déconfite...

Qui n'a pas fait ce genre d'erreur?

Sauf qu'ici ça aurait pu tourner au drame car, s'ils avaient dû abandonner le canot, il leur aurait fallu traverser la cascade et cheminer ensuite le long de la berge au milieu d'un troupeau d'ours bruns!!!

Il vaut mieux ne pas y penser!!

 

 

           

 

 

 

Sur la route: Chapin Bay
Sur la route: Chapin Bay

Sur la route: Chapin Bay

Sur la route: Dungeness crab et King crab au menu. Neka Bay.
Sur la route: Dungeness crab et King crab au menu. Neka Bay.
Sur la route: Dungeness crab et King crab au menu. Neka Bay.
Sur la route: Dungeness crab et King crab au menu. Neka Bay.

Sur la route: Dungeness crab et King crab au menu. Neka Bay.

Sur la route : Dundas Bay (Glaciers National Park).
Sur la route : Dundas Bay (Glaciers National Park).
Sur la route : Dundas Bay (Glaciers National Park).

Sur la route : Dundas Bay (Glaciers National Park).

             

 

 

              TRACY ARM: LA GLACE EN MAJESTE

 

 

 

 

 

 

Tracy Arm . 50 nuances de bleu.
Tracy Arm . 50 nuances de bleu.
Tracy Arm . 50 nuances de bleu.
Tracy Arm . 50 nuances de bleu.

Tracy Arm . 50 nuances de bleu.

           

 

 

Sur la route du retour vers Juneau, où j'ai prévu de les déposer pour prendre leur vol de retour, nous profitons d'une journée sans pluie pour remonter le fameux Tracy Arm qui s'enfonce très loin, au milieu de la cordillère, où il se termine par un magnifique glacier.

D'habitude je n'y vais pas, mais nous sommes en septembre et les cruising ships se font plus rares, déjà en partance pour le soleil caribéen.

La remontée très longue et sinueuse du gigantesque fjord ménage à chaque virage un spectacle sans cesse renouvelé. Plus on avance plus la végétation devient rare laissant place à des parois de granit lisses et luisantes. Les glaces flottantes deviennent plus denses et certaines plus volumineuses que les autres ont des formes invraisemblables.

Tout au bout deux glaciers, dont un majestueux et gigantesque, assez facile à approcher de très près, vêlent en permanence des icebergs. Mais les énormes blocs qui s'en détachent nous rappellent souvent à l'ordre: une belle vague se soulève, heureusement bientôt applatie par la couche de petits glaçons qui flottent aux alentours, souvent occupés par un phoque qui se dore au soleil.

Nous sommes seuls ou presque : il y a avec nous Bear Paw, un gros trawler de charter que nous connaissons bien pour l'avoir souvent croisé. Il traine toujours son énorme annexe à distance sans doute pour s'épargner de fastidieux grutages.

Le soir il fait très mauvais et nous nous abritons tous deux à l'entrée du fjord.

Au petit matin je cherche machinalement des yeux son annexe: disparue! Du regard je suis une direction probable et de fait je la vois haut perchée sur la plage, au loin.

Elle a rompu son amarrage durant la nuit et, par manque de chance, à marée haute!!

Nous voyons son propriétaire passer devant nous sur une planche à voile pour rejoindre la rive et tenter de préparer la remise à l'eau. Nous proposons notre aide qui manifestement est la bienvenue et finalement, nettement avant la marée haute suivante, nous parvenons à remettre l'annexe à l'eau en la tirant avec notre propre annexe.

La ferrure avant en inox s'est rompue. C'est une bonne leçon car, et c'est assez classique, l'inox à force d'être stressé finit pas casser brutalement.

 

 

 

    COURTE ESCALE A JUNEAU CAPITALE DE L'ALASKA

 

 

 

 

 

 

Juneau sous la pluie.
Juneau sous la pluie.
Juneau sous la pluie.

Juneau sous la pluie.

 

 

Le lendemain nous voilà, en pleine tempête, à l'entrée de Juneau. 

Je connais le coin et, pour m'y être amarré il y a quelques années, je vise un solide ponton, en pleine ville, abrité devant et derrière par deux énormes paquebots.

Plus une ride sur l'eau, plus de vent.

Je vais voir le capitaine du port qui m'autorise à rester là autant que je veux, la saison est terminée. Il me demande juste une empreinte de carte de crédit et me dit: vous recevrez un mail en fin de mois avec la facture... C'est assez habituel aux USA et bien pratique. Formalités réduites au minimum.

Comme prévu je devais recevoir le 30 septembre ma facture, alors que nous étions déjà bien loin en British Columbia.

Et là je tombe raide: 1500 dollars pour 3 nuits!!

D'accord, c'est le meilleur endroit de Juneau, mais c'est beaucoup trop cher. Jamais de ma vie  je n'ai payé une place aussi chère.

Je me fends d'un mail pour dire que je n'ai jamais été prévenu d'un tel montant, sinon je serais allé ailleurs.

Réponse du port: " ce prix est bien celui qu'on applique à cette marina, mais acceptez toutes nos excuses car effectivement nous avons omis de vous prévenir, aussi nous vous appliquons le prix normal soit 160 dollars!!"

Véridique.

Ces gens sont quand même d'une extrême honnêteté. Et ce n'est pas inhabituel, je dirais plutôt que c'est la règle. 

               

 

 

                  A JUNEAU: RELEVE D'EQUIPAGE

 

 

 

Michel et Tara nous quittent et le même jour nous recevons Cécile et Tugdual venus de Nouméa pour un court séjour de deux semaines. 

Une petite visite rapide de la ville de Juneau, capitale de l'Etat d'Alaska.

Ce que les touristes ignorent c'est que cette ravissante petite ville, datant de la ruée vers l'or, ouvre littéralement le 1er juin et ferme le 30 septembre. Oui, c'est à peine imaginable: c'est en fait un décor de théatre avec ses boutiques de souvenirs, ses bijouteries, ses pubs et restaurants où les touristes déambulent par dizaines de milliers tous les jours de l'été.

Et puis à l'automne tout ferme et les habitants retrouvent leur train-train habituel dans la vraie ville située à quelques kilomètres au Nord, avec ses immeubles modernes, son capitole, ses quartiers industriels, ses supermarchés, dont les touristes n'ont même pas l'idée qu'elle existe.

 

Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.
Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.

Soleil de plomb au dessus de Tracy Arm.

Nos amis sont avides de découvertes, c'est leur première aventure en Alaska.

Le temps est horrible, mais, on ne sait par quel miracle, une journée parfaite s'annonce et j'en profite pour quitter Juneau rapidement et me dirige aussitôt vers le Tracy Arm que nous avions quittés à peine 5 jours plus tôt avec Michel et Tara.

Sans doute la plus belle journée de toute la croisière: pas un nuage au dessus du fjord, des sommets enneigés d'une poudreuse fraîche d'après tempête, des cascades bondissantes, des glaces bleues. Un spectacle inoubliable que je suis heureux d'avoir fait partager pleinement à ces amis venus de l'autre côté du Pacifique, d'une île tropicale quittée deux jours avant.

Ce sera la seule belle journée: nous aurons de la pluie jusqu'au bout, cette année a été particulièrement pluvieuse.

Pas de quoi décourager nos amis qui font de belles balades en zodiac à chaque escale jusqu'à Ketchikan, la dernière ville avant la frontière canadienne.

 

 

             

 

 

            UNE RENCONTRE UNIQUE, INCROYABLE

                           ET TRES DANGEREUSE

 

 

 

Green Island (BC), la quintessence du phare canadien.
Green Island (BC), la quintessence du phare canadien.

Green Island (BC), la quintessence du phare canadien.

Le royaume des baleines à bosse.
Le royaume des baleines à bosse.
Le royaume des baleines à bosse.
Le royaume des baleines à bosse.
Le royaume des baleines à bosse.
Le royaume des baleines à bosse.
Le royaume des baleines à bosse.

Le royaume des baleines à bosse.

 

 

80 milles séparent Ketchikan de Prince Rupert, la ville frontière canadienne, tout au Nord de la belle Province de British Columbia.

Entre les deux, un large bras de mer ouvert vers le Pacifique, doit être négocié avec prudence car, par gros temps d'ouest, la mer y est très mauvaise en raison des courants de marée.

Pour nous, une fois de plus, la météo est clémente tout simplement par ce que les prévisions sont fiables à 5 jours ce qui laisse le choix du départ.

Cette traversée je ne l'oublierai jamais, vous allez comprendre pourquoi!

Je prends toujours plaisir à passer tout près de Green Island située juste à l'intérieur des eaux canadiennes.

Elle a la particularité d'abriter l'un des plus beaux phares canadiens: un groupe de bâtiments aux murs d'un blanc éclatant et des toits de tôle rouge vif, visibles de loin.

Un petit téléphérique permet le ravitaillement régulier, par beau temps, des gardiens qui y vivent en permanence.

Cet îlot est situé au nord d'un très vaste plan d'eau de 20 milles de long pour 15 de large environ et, sans exagérer, je peux dire que ce jour là ce sont des dizaines de souffles de baleines qui occupent l'horizon sur 360°

Se succédant régulièrement leur queue s'élève gracieusemnt vers le ciel avant de glisser doucement vers les profondeurs.

Justement à 50m sur l'avant babord en voilà une qui plonge et disparait. Nous n'y portons pas vraiment attention tellement le spectacle nous est familier.

Environ deux minutes plus tard un énorme choc soulève l'étrave du bateau puis un second tandis que je saute comme un fou sur la commande des gaz.

On croit tous à un récif non hydrographié, c'est effrayant, et soudain sur l'arrière tribord, à une encablure, émerge une baleine qui se secoue, un peu comme un chien sortant de l'eau. Elle est agitée de mouvements saccadés et s'agite beaucoup dans tous les sens.

Ayant repris mes esprits et voulant en avoir le coeur net, je remets en route, après avoir vérifié qu'il n'y a aucune voie d'eau dans les cales et que tout fonctionne normalement.

Je me dirige vers l'animal blessé. Aucune trace de sang et au bout de quelques minutes la voilà qui reprend sa route en surface, tranquillement.

Pour nous une seule hypothèse: cette baleine a bel et bien fait surface sous l'étrave de Jade, une masse de 70 tonnes longue de 22 mètres, forcément très impressionnante pour une baleine d'environ 15mètres de long. Il faut croire que, comme n'importe quel humain, il peut arriver qu'une baleine soit distraite, sans doute occupée à se gaver du menu fretin en abondance dans ces eaux.

Elle ne nous a tout simplement pas vus, elle regardait ailleurs!!

Et pourquoi pas? Ce sont des mammifères très proches de nous.

A cet instant je me souviens très précisément d'une histoire que j'ai vécue lorsque je travaillais comme radiologue dans une clinique de Nouméa. J'entretenais des relations amicales avec les gens de l'Aquarium, fameux pour ses coraux fluorescents.

La Directrice m'appelle un jour me demandant si je pouvais radiographier un bébé dauphin? Ce n'est pas tous les jours qu'on examine ce genre de patient!!

 il s'agissait d'essayer de comprendre pourquoi ce petit animal était venu s'échouer sur un plage et n'avait malheureusement pas pu être ranimé.

Quand j'ai sorti de la développeuse les clichés du thorax et de l'abdomen j'ai ressenti un grand choc au point que j'ai exposé les radios sur un négatoscope qui était à la vue de tous mes collègues médecins de la Clinique. A chacun je demandais: "c'est quoi votre diagnostic?"

..... ????

Pas un seul n'a réalisé qu'il s'agissait d'un petit dauphin tant nous en sommes proches anatomiquement.

Bien entendu les clichés ne montraient pas la tête, mais certains ont cependant bien vu qu'il y avait comme une malformation des membres supérieurs! Encore que leur extrémité comporte une sorte de main. Mais les os sont extrêmement courts bien sûr. 

Poumons, cage thoracique, coeur, diaphragme, ombres des reins, estomac, tout est identique!! C'est bluffant et donne sérieusement à réfléchir.

 

           

 

 

            A TRAVERS LA COLOMBIE BRITANNIQUE

           LE VOYAGE SE TERMINE A ROCHE HARBOR

 

 

 

 

Sur la route: Captain's Cove (BC)
Sur la route: Captain's Cove (BC)
Sur la route: Captain's Cove (BC)

Sur la route: Captain's Cove (BC)

Sur la route: Monckton Inlet (BC) le soir.
Sur la route: Monckton Inlet (BC) le soir.

Sur la route: Monckton Inlet (BC) le soir.

Sur la route: c'est l'automne, vols d'oies sauvages vers le Sud et brouillard
Sur la route: c'est l'automne, vols d'oies sauvages vers le Sud et brouillard

Sur la route: c'est l'automne, vols d'oies sauvages vers le Sud et brouillard

Ghis nous accueille chez elle à Ganges (BC)

Ghis nous accueille chez elle à Ganges (BC)

 

Nous nous remettons de nos émotions surtout après avoir constaté qu'aucun dégât n'avait été provoqué par cette rencontre musclée.

Au large de Prince Rupert j'appelle la douane Canadienne, en français, c'est très agréable. La douanière charmante est à Toronto et ignore totalement où se trouve Prince Rupert, mais peu importe, elle enregistre nos noms et numéros de passeports et nous voilà libres de nous balader, comme bon nous semble, en Colombie Britannique.

Les mouillages, excellents, se succèdent tous les soirs. Au matin les bancs de brouillard enveloppent les îlots et le fond des baies créant des paysages de toute beauté. L'eau est si calme qu'elle se mue en un grand miroir dans lequel la nature splendide se reflète. 

Au bout du chemin nous faisons escale à Ganges sur l'île de Salt Spring et retrouvons Sillage en visite familiale: la belle soeur de Raymond, Ghislaine, y vit depuis des décennies dans une belle maison de bois, en pleine forêt. 

Salt Spring c'est un peu comme l'île de Ré : ceux qui s'y sont installés il y a un demi siècle sur des terrains pentus à défricher, conformes à leur rêve de solitude et de retour à la nature, se retrouvent aujourd'hui un peu victimes de la mode : tout Vancouver veut s'éloigner de la grande métropole et s'installer à la "campagne".  Direction Salt Spring.

C'est une très belle île, parfaitement desservie par ferries et hydravions, et donc très recherchée. Le prix des terrains flambe et nos amis se retrouvent millionnaires sans l'avoir vraiment cherché!!

Tant mieux pour eux, j'espère qu'il n'y a pas d'impôt sur la fortune en Colombie Britannique!

Nous quittons Ganges pour un séjour de 3 jours à Sidney où les chantiers et marinas sont légion.

Raymond y sort son bateau pour l'hiver et de notre côté nous prenons des rendez-vous pour les travaux d'entretien d'après hiver, à notre retour.

10 milles nous séparent de notre port d'attache, Roche Harbor, où nous sommes attendus, comme souvent ces dernières années.

L'abri y est parfait, la marina moderne et parfaitement entretenue, mais surtout c'est la petite chapelle, juste au dessus, qui chaque fois me ramène à mon enfance quand le carillon sonnait à la petite église d'Aspet, dans les Pyrénées, où je passais mes vacances dans la grande maison familiale: toutes les heures ici aussi ça sonne et à midi nous avons droit à un véritable concert de cloches!!

Personne pour tirer sur les cordes, ce serait trop beau: tout est automatique, mais ça ne fait rien, ce coin a quand même un petit air bien de chez nous!!

Ce matin,  depuis mon bureau de Nouméa, j'ai jeté un oeil sur Jade: la web cam est d'une qualité incroyable. Il fait beau sur Roche Harbor, le plan d'eau est bien calme, le ciel clair.

Les prévisions de Windy sont excellentes pour la semaine à venir, le froid de l'hiver va s'éloigner doucement, dans quelques jours ce sera le printemps là bas.

 

 

 

  

La chapelle de Roche Harbor fait tinter son carillon toutes les heures.

La chapelle de Roche Harbor fait tinter son carillon toutes les heures.

Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!
Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!

Réfléchir, ça n'a pas de sens en Colombie Britannique!

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