Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

CROISIERE ARCTIQUE 2022

par Joël MARC 30 Décembre 2022, 10:11

                   Une promenade de 4500 milles de Sitka à Roche Harbor

Rêverie et  liberté totale dans un cadre parfait.

Rêverie et liberté totale dans un cadre parfait.

 

                                        RETOUR SUR TERRE ET REFLEXIONS (philosophiques😉) 

 

Comme chaque année je quitte Jade un peu à reculons car je sais ce que je perds et je crois savoir ce qui m'attends en arrivant à Nouméa en dehors de la joie de retrouver famille et amis proches : une ambiance politique déplorable qui fait malheureusement fuir tant de talents utiles au Pays, les soucis habituels d'une vie normale dans une ville d'une certaine importance, les tracasseries administratives, la circulation et le stationnement, la reprise d'activités professionnelles avec leur lot de satisfactions et de déceptions, bref, les éléments banals d'une vie sociale "normale". Ce qui finalement est le quotidien de l'immense majorité des gens sur... Terre.

Quand nous naviguons seuls dans ces fjords lointains surplombés de glaciers majestueux zébrés de toutes les nuances de bleus, de denses forêts de cèdres en bordent les rives, tous les animaux de la création semblent s'y donner rendez-vous pour nous regarder passer, doucement, très doucement, tentant sans y parvenir de ne pas briser ce miroir parfait sur lequel nous glissons....alors nous nous disons "elle est pas belle la vie"? Phrase fétiche tant de fois prononcée par mon complice Raymond Proner, et reprise en choeur!

Oui, elle est belle cette vie!!!

On me dit souvent que j'ai de la "chance"... Exactement ce qu'il faut me dire pour me contrarier.

Depuis quelque temps je pense à une forme de devise qui pourrait résumer en 3 mots toute ma vie:                   

                                                       Rêve, effort, liberté.

Il faut rêver.

On rêve à tous âges, c'est ce qui maintient en vie.

Au fond, le rêve ce serait d'avoir toujours un rêve d'avance.

Le seul problème c'est de réaliser ses rêves. Pas évident du tout car les rêves pour être réalisables doivent être "raisonnables", se situer juste un peu au dessus de nos propres possibilités, sinon c'est tomber dans la facilité.

Pour réaliser un rêve un peu fou il faut du courage et donc faire un effort. 

On n'obtient rien sans effort, absolument rien.

Il me revient pour illustrer ces propos une anecdote qui remonte à la fin des années 90.

Nous sortions d'un cinéma et je retrouve un vieux copain propriétaire d'un des plus solides voiliers de Nouméa. Et voilà que nous entamons une longue conversation sur nos croisières respectives et nos projets.

Je ne sais qui de nous deux a lancé: " et si nous nous retrouvions en Antarctique pour célébrer l'An 2000 ?!" mais je sais que de mon côté c'était décidé sur le champ, j'irai en Antarctique pour l'An 2000. J'en rêvais depuis longtemps et j'avais Savannah le bateau idéal pour le faire. 

Dire que ça ne me faisait pas peur serait mentir: traverser tout  le Pacifique Sud dans les hautes latitudes, passer le Cap Horn après 30 jours de mer, traverser le Drake à la réputation effroyable, affronter le froid et la glace.

En voilà un rêve vraiment osé mais cependant réalisable.

Inutile de dire que je n'ai jamais vu là-bas l'autre copain mais je m'y suis retrouvé  en bonne compagnie et c'est un des grands souvenirs de ma vie.

La chance n'a rien eu à voir là dedans: j'ai travaillé dur pour me payer ce bateau, j'ai travaillé dur pour le préparer à affronter les dangers prévisibles et inévitables, j'ai longuement étudié ma navigation et fait appel à un équipage magnifique et particulièrement amariné.

Dominique, morte de trouille, s'était décidée au dernier moment et a finalement participé à toutes nos expéditions dans les Mers Australes. C'est peut-être encore plus courageux car elle n'avait pas tous les éléments en main. Elle plongeait dans l'inconnu.

Ceci dit quand on les a en mains ces éléments, on imagine aussi beaucoup mieux où va se situer le risque, le danger, ce qui peut être assez angoissant en définitive.

Rêve, effort...

Et Liberté.

C'est pour moi le mot le plus important et je crois que je l'ai seriné à mes enfants pendant toute leur enfance et adolescence.

Libre dans sa tête et dans son corps. Essayer de dépendre le moins possible des autres. Décider librement de sa vie et de son destin.

Là aussi il faut et du courage et de l'effort, la liberté se conquiert, elle n'est pas offerte.

Je crois avoir été libre toute ma vie. J'ai pris des orientations majeures en toute liberté et je continue d'ailleurs à le faire.

Cette sensation d'extrême liberté nous l'éprouvons chaque fois que nous naviguons en Arctique : des contrées immenses très peu peuplées, la liberté de s'arrêter où l'on veut, le temps qu'on veut, dans des décors dignes du National Geographic et pourtant dans la plus grande sécurité. Ce ne sont pas les petits ports de pêche qui assombrissent le tableau: les gens y vivent heureux pour autant que je puisse en juger.

Une seule fois à Ketchikan, je suis tombé sur un douanier mal luné qui m'a refoulé sans aucune raison, je n'ai toujours pas compris ce qui l'a motivé. Personne d'ailleurs.

Malheureusement chez nous en Calédonie, le temps est venu où, pour des raisons coûtumières totalement obscures, on vous interdit le mouillage un peu partout dans les îles les plus belles. Et c'est désolant .

Au Vanuatu voisin il est de plus en plus courant de devoir payer pour mouiller dans une baie... alors que la plupart du temps les plaisanciers ne savent comment rendre service aux populations locales en leur offrant des vêtements, des médicaments, des jouets pour les enfants.

J'avais connu cela il y a quelques années dans certains mouillages des Antilles où il semble que l'habitude ait été donnée par des plaisanciers américains. Payer pour avoir le droit de mouiller...

On ne peut plus alors parler de liberté.

Rien de tout ça en Alaska ou en British Columbia : un paradis qu'il faut préserver à tout pris.

Le tourisme de masse y est arrivé depuis longtemps mais par chance se cantonne au "Inside Passage". Nous on navigue ailleurs.

Je cite souvent la petite ville de Juneau (30000 habitants) capitale administrative de l'Etat d'Alaska. Il y a entre 5 et 8 gigantesques paquebots qui y font escale tous les jours de l'été.

Ce que visitent ces milliers de touristes c'est une petite ville ravissante, typique de la ruée vers l'or, ses multiples boutiques de souvenirs, bijous "indiens", os de mamouths fossilisés,pubs, restaurants.

Mais ils ignorent que cette "ville" ouvre littéralement ses portes début juin et les ferme fin Septembre!!

C'est en fait un "décor de cinéma", car la vraie Juneau, que je connais bien, se situe à quelques encablures avec ses supermarchés, bâtiments administratifs, logements et quartiers industriels (mécanos, shipchandlers etc...).

Au fond ce n'est pas si bête car les revenus du tourisme sont énormes et ses nuisances limitées à un espace fermé qui ne fonctionne à fond que 4 mois par an... 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Juneau: charmant décor de cinéma pour tourisme de masse.
Juneau: charmant décor de cinéma pour tourisme de masse.
Juneau: charmant décor de cinéma pour tourisme de masse.

Juneau: charmant décor de cinéma pour tourisme de masse.

Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.
Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.

Petersburg, au contraire, s'est préservée du tourisme de masse.

D'autres villes, comme Petersburg, refusent catégoriquement ce tourisme.

Ce petit port est une merveille d'architecture norvégienne (j'ai entendu dire qu'elle est tellement norvégienne que des norvégiens y viennent régulièrement car ils s'y sentent  plus chez eux encore que dans leur propre pays!!!). Petersburg est d'abord un très important port de pêche, mais reçoit aussi des touristes curieux de se retrouver transportés soudains en Scandinavie patrie des Vikings.

C'est donc un sentiment de grande liberté que nous ressentons chaque fois que nous naviguons dans ces lointains fjords en dehors des routes classiques .

Et c'était encore le cas cette année pour la 6ème fois depuis notre escale à Attu, la plus occidentale des Aléoutiennes, en Juin 2017.

Comme d'habitude je ne vais pas dérouler un journal de bord heure par heure mais plutôt rassembler les souvenirs marquants d'une longue croisière commencée à Sitka fin Mai 2022 et terminée à Roche Harbor en Octobre.

                                        A SITKA L'HIVER EST VRAIMENT TRES FROID!

   

 

Quand j'aterris à Sitka après plus de 40 heures de voyage (très long vol entre Auckland et Vancouver) je retrouve Jade bien sage comme je l'avais laissée et me précipite au lit car il est 1h du matin.

C'est au petit matin que le ciel me tombe sur la tête.

Je file me préparer un petit déjeuner: comme d'habitude je tire vers moi le tiroir de la hotte aspirante et voilà qu'une énorme fumée acre, étouffante, sort du ventilo tandis que les voyants de la plaque à induction se mettent à clignoter, plus rien ne marche. Je fonce examiner l'onduleur 220v, lui aussi clignote et en le testant je découvre que quand il démarre il envoie du 300 volts partout dans le bateau.

Stop, finie la cuisine et le reste, plus de 220 v dans le bateau.

Je file dans la salle des machines raccorder l'eau douce sous pression et mets en route la pompe.

Istantanément j'entends des cataractes se produire un peu partout dans le bateau et je découvre que tout ce qui pouvait éclater sous l'effet du gel avait bel et bien éclaté.

Le plus sournois de tout c'était l'électrovanne du lave-vitre des essuie-glaces: planquée sous un vaigrage du plafond de la table à cartes: dès que je mettais en route l'eau sous pression une cascade éclaboussait  l'ordinateur .

Par chance Jade est tellement bien construite que chaque arrivée d'eau a sa propre vanne d'arrêt.. J'ai fini par stopper toutes les fuites mais les dégâts sont impressionnants.

L'explication est simple: le type qui m'avait été recommandé pour veiller sur le bateau en mon absence n'a strictement rien fait en particulier pour le chauffage .

Etait-il même présent quand les grands froids du mois de Décembre sont tombés sur Sitka? Le bateau a gelè du haut en bas malgré les précautions que j'avais prises en vidangeant toutes les tuyauteries .

Mais il restait de l'eau dans les filtres et jamais la température n'aurait dû tomber au dessous de zéro avec les chauffages en marche.

De quoi être complètement abattu.

Mauvais trip.

Le surlendemain mes amis équipiers, habitués de Jade, Charlotte et Alain, arrivent.

Ils étaient prévenus que les 15 premiers jours de leur séjour de 2 mois seraient uniquement consacrés à la remise en route du bateau comme tous les ans, mais je n'avais pas prévu qu'en réalité en guise de remise en route c'était plutôt la réparation des multiples avaries qui était au programme.

En trois semaines tout était à peu près remis en état au prix d'un travail épuisant d'une bonne dizaine d'heures par jour.

 

 

 

 

Alain se bat avec la pompe de gavage du dessalinisateur détruite par le gel hivernal

Alain se bat avec la pompe de gavage du dessalinisateur détruite par le gel hivernal

Des oeufs au plat sur la nouvelle plaque à induction arrivée de Bordeaux , on revit!!!

Des oeufs au plat sur la nouvelle plaque à induction arrivée de Bordeaux , on revit!!!

Sitka, la petite chienne, veille sur Jade.

Sitka, la petite chienne, veille sur Jade.

                                                  NANCY BEHNKEN

 

 

Quelques moments de détente cependant quand notre amie Nancy nous appelait pour aller écouter de la belle musique classique à l'auditorium municipal ou allongés sur les gazons du musée en plein air.

Moments privilégiés.

J'avais fait la connaissance de Nancy l'an dernier à Sitka en me baladant en annexe au milieu des bateaux de pêche et j'avais été fasciné par son histoire.

Arrivée jeune en Alaska, venant de la côte Est, elle voulait s'évader vers les grands espaces vierges, sans doute un rêve de jeune étudiante en quête de vie sauvage et de pleine nature.

Elle avait un kayak, une tente et c'est à peu près tout.

L'Alaska c'est le paradis du Kayak car les eaux y sont très protégées et les abris infinis. Le seul vrai danger vient des ours et elle avait appris à s'en méfier et à les éviter tout en cherchant bien sûr à les observer. Elle avait fini par arriver à Kodiak, l'île mythique,  capitale américaine de la pêche au crabe et au saumon.

A court d'argent elle se fait embarquer comme "handwoman" à bord d'un senneur .

J'ai souvent parlé avec elle des conditions de travail à bord de ces bateaux qui pratiquent durant l'été la pêche au saumon à l'aide d'un immense filet qui encercle les mattes et que l'on referme pour former une sorte de poche énorme qu'une grue ramène lentement à bord. C'est très spectaculaire d'autant que pendant tout le temps un "skiff" au moteur puissant tire le filet, puis, une fois qu'il est refermé, maintient le bateau par le côté de sorte que le filet reste toujours accessible sur le bord opposé.

L'habileté du capitaine est essentielle et sur le pont 3 hommes en général récupèrent le filet jusqu'à ce que la poche de fond arrive à bord, la plupart du temps gorgée de poissons frétillants. Cette poche ils l'appellent "the money wallet".

Très vite ils savent combien de dollars dans ce "wallet".

Je suppose que lorsque Nancy a démarré cette vie,  les femmes à bord étaient peu nombreuses. Aujourd'hui c'est la règle et souvent il y en a plusieurs sinon même des navires uniquement féminins.

Nancy a du caractère et je pense que d'emblée elle a su se faire respecter et apprécier. Mais jamais elle ne m'a parlé de violences ou abus comme un certaine littérature, dont les medias sont friands, le laisse entendre. Par contre elle m'a confié que souvent les hommes se laissaient aller à boire et qu'il lui est arrivé, rarement, d'être obligée d'assurer elle même la conduite du bateau.

 

Senneurs en pêche. A droite un "money wallet" qui vaut son pesant de $
Senneurs en pêche. A droite un "money wallet" qui vaut son pesant de $
Senneurs en pêche. A droite un "money wallet" qui vaut son pesant de $
Senneurs en pêche. A droite un "money wallet" qui vaut son pesant de $

Senneurs en pêche. A droite un "money wallet" qui vaut son pesant de $

Et puis elle s'est émancipée et a acheté son propre navire, le "Dip", et s'est mise à pêcher pour son propre compte: saumon, halibut, black cod. Que du poisson délicieux et de très bon rapport.

Fixée sur Sitka elle travaille ainsi pendant 30 ans avant de se décider à se séparer de son fidèle bateau. 

Très érudite, et physiquement en pleine forme, elle passe ses hivers à skier dans les alentours ou dans le Montana, à peindre ou encore à construire de ses propres mains une "tiny house" qu'elle loue pour améliorer ses revenus.

Quand nous avons appareillé de Sika elle partait pour un treck au Nepal.

Pas tout à fait l'image qu'on peut se faire, certainement à tort d'ailleurs, d'un pêcheur professionnel!!!

Du coup, pendant ce séjour difficile pour nous à Sitka, elle est venue de temps à autres avec de la black Cod pêchée par elle en début d'été, marinée, délicieuse au barbecue tard le soir au soleil couchant là-haut sur le flying bridge.

Elle m'a fait connaître ses amis et découvrir cette charmante petite ville de Sitka.

 

 

                                    Nancy en montagne à Sitka  .
                                    Nancy en montagne à Sitka  .
                                    Nancy en montagne à Sitka  .
                                    Nancy en montagne à Sitka  .

Nancy en montagne à Sitka .

Comme souvent en Alaska les jeunes femmes sont nombreuses à bord des bateaux de pêche et ne donnent pas l'impression d'être trop malheureuses!!!

Comme souvent en Alaska les jeunes femmes sont nombreuses à bord des bateaux de pêche et ne donnent pas l'impression d'être trop malheureuses!!!

 

                                                            SCOTTY

 

Un autre personnage m'a beaucoup intéressé : "Scotty" Saline, un genre d'extra-terrestre plus ou moins apprécié dans le coin car sans doute trop original et "border-line"pour une petite ville bourgeoise. Nous dirions "pas politiquement correct".

Et pourtant ce type est très attachant, un vrai rêveur. 

Je pense qu'il squatte un terrain plus ou moins coûtumier dans le quartier dit "native" au bord de l'eau sur le port. La construction est improbable, ne ressemble à rien de ce qu'on connait, à l'enseigne de "Sea Daddy". Un amoncellement de planches venues de vieux quais en bois ou de ponts de bateaux échoués. Sur les parois tout ce qu'on peut imaginer comme vestiges de vieux gréements: hublots en bronze, poignées de portes en cuivre, affiches de compagnies maritimes, cloches de quart, mâts et voiles, vieilles photos historiques, postes à galène...Et dans ce capharnaüm il a le projet (depuis 10 ans m'a dit son voisin quelque peu fielleux) d'installer une sorte de "drive snack" où il vendrait aux véhicules de passage des "sticks " de poisson deep fried et autres french fries.

Sa devise affichée au dessus de l'entrée: "Pureté, Simplicité, Qualité" Tout un programme!

Ce type aussi est un érudit, passionnant de parler avec lui à condition de tendre un peu l'oreille car sa voix grave et son slang sont difficiles à capter.

Il a une grande connaissance du peuple Indien dont il connait l'histoire et les légendes pour lesquelles il éprouve un grand respect.

L'histoire de La Pérouse, il connaît par coeur, et Lituya Bay et Francis Cladwell son copain de navigation qui a écrit le remarquable "Land of the Ocean Mists". Il m'avait d'ailleurs conseillé d'acheter à la public library "Wildest  Alaska : journeys of Great Peril in Lituya Bay" un ouvrage à lire absolument sur l'histoire de Lituya Bay.

Scotty dans la vie courante est frigoriste, je l'ignorais, et pour 200 dollars il m'a remis en route mon gros congélateur en panne en me laissant en prime et branchés en permanence, deux manomètres très pratiques pour apprécier la marche de l'appareil. 

 

Chez Scotty à l'enseigne de Sea Daddy! "pureté, simplicité, qualité"
Chez Scotty à l'enseigne de Sea Daddy! "pureté, simplicité, qualité"
Chez Scotty à l'enseigne de Sea Daddy! "pureté, simplicité, qualité"

Chez Scotty à l'enseigne de Sea Daddy! "pureté, simplicité, qualité"

                          KODIAK, SES OURS, SES PÊCHEURS, SON CHEF FRANCAIS

Traversée du Golfe d'Alaska 600 milles

Traversée du Golfe d'Alaska 600 milles

Au bout du compte j'ai tout de même pris la décision de traverser le Golfe d'Alaska pour revoir Kodiak et ses environs fort peu visités par les plaisanciers mais bien plus par les inombrables seineurs qui traquent le saumon dès le mois de juin.

Les plaisanciers, en particulier américains, n'aiment pas trop s'aventurer dans le Golfe d'Alaska à la mauvaise réputation.

Courants, brouillard, dépressions à la queue leu leu... Bref, un peu la Bay of Biscaye mais 15° plus au Nord.

Pour nous, en toute modestie, c'est une traversée de plus, pas vraiment longue (600 milles) et bien préparée grâce à des prévisions météo vraiment fiables à 3 ou 4 jours.

Mes amis Alain et Charlotte sont bien amarinés et les quarts se succèdent sans problèmes jusqu'à Kodiak atteint en un peu plus de 3 jours. Nous arrivons vers les 2 heures du matin, mais il ne fait pas nuit ce 17 juin à peu de jours du solstice.

Je retrouve avec un immense plaisir ce grand port de pêche américain, le deuxième en tonnage.

Les secrétaires du Harbor Master Office reconnaissent Jade et nous accueillent avec chaleur. Ici comme souvent tout se passe sur la parole et la confiance. Pour payer c'est "on verra quand vous partirez" sachant que nous avons fait plusieurs sorties et entrées pendant notre séjour de 3 semaines dans la région.

Joël et Martine sont là bien sûr et dès notre arrivée nous fêtons chez eux nos anniversaires respectifs. Lui est un Chef réputé, Compagnon du Tour de France et ancien de L'Elysée du temps de Giscard.

Emigré aux USA il y a un demi siècle il a eu le coup de foudre pour Kodiak et s'y est définitivement fixé depuis 25 ans.

il fait à l'occasion guide de pêche (saumon) et de chasse (ours) ce qui nous assure de toute façon une nourriture exceptionnelle . 

A peine la porte franchie on se retrouve traditionnellement avec une coupe de soupe de Champagne au Curacao Bleu couleur lagon calédonien ou iceberg alaskien comme on le sent.

Il n'est pas rare chez lui de manger de fantastiques boulettes d'ours aux aromates ou de l'élan aux champignons des prés...

Avec lui et son copain Fred nous avions en 2018 fait un tour complet de Kodiak dont je raconte les péripéties dans un article précédent.

Raymond nous a rejoint le jour de mon anniversaire et nous sommes au complet pour la suite qui nous verra rejoindre le Katmaï, Afognak et Shuyak, puis la fabuleuse péninsule de Kenaï avant de visiter le joyau de l'Alaska : le Prince Williams Sound.

 

Jade dans le deuxième port de pêche des USA
Jade dans le deuxième port de pêche des USA
Jade dans le deuxième port de pêche des USA

Jade dans le deuxième port de pêche des USA

Joël dans ses oeuvres. Avec Martine et des amis , la soupe de Champagne quotidienne.
Joël dans ses oeuvres. Avec Martine et des amis , la soupe de Champagne quotidienne.
Joël dans ses oeuvres. Avec Martine et des amis , la soupe de Champagne quotidienne.

Joël dans ses oeuvres. Avec Martine et des amis , la soupe de Champagne quotidienne.

De Kodiak à Geographic Harbor

De Kodiak à Geographic Harbor

                                                  RETOUR AUX ORIGINES

 

Arrivé à Kodiak en juin 2017, j'avais beaucoup navigué dans les alentours et hiverné sur place. En 2018 nous avions encore exploré la région de fond et comble avec en particulier un tour complet de l'Île en compagnie de Joël, le Chef, et de Fred son copain guide de chasse et de pêche. Un moment inoubliable que je raconte dans un précédent article. Cette année, mon idée était de revoir certains des plus beaux endroits mais surtout de rencontrer quelques personnages hors du commun comme seuls, paradoxalement, en recèlent les  coins les plus reculés de la Planète. 

C'est ainsi que nous retrouvons à Port Bailey  Bob et Anita qui nous accueillent comme toujours , embrassades, chaleur d'une amitié régulièrement renouvelée.

Le renard est là, sort de son terrier l'oeil malicieux.

Leur business prospère depuis qu'ils ont enfin reglé leur problème d'association malheureuse, la vieille cannery se restaure peu à peu et sera bientôt prête pour accueillir des clients d'un peu partout dans le monde. Ils vendent sur internet une foule d'objets de marine fabriqués à partir des énormes stocks restés sur place quand l'usine a fermé.

 

Port Bailey
Port Bailey
Port Bailey
Port Bailey
Port Bailey
Port Bailey

Port Bailey

                                                     CHEZ LES FIELDS

 

Sur la route de Geographic Harbor impossible de ne pas faire escale à Bear et Harvester Islands.

C'est à peine le début de la migration des saumons et la pêche commence cette année avec retard. Il y a là la plus grande concentration de set-nets de toute la région tout simplement parce que les trois frères Fields, leurs épouses et enfants ont eu officiellement (2 par membre d'une même famille) le droit d'en installer plusieurs dizaines leur assurant des revenus très confortables.

Ces filets, les set-nets, sont tirés à partir d'un point fixe de la côte vers le large de façon à barrer la route des saumons qui remontent vers l'endroit précis où ils sont nés et où ils vont se reproduire avant de mourir. J'ai appris ainsi qu'ils s'orientent en suivant les rives des fjords qui mènent à une cascade qui elle même mène à un lac plus ou moins difficile d'accès où ils sont nés.

Les parents Fields se sont installés ici dans les années 50 et ce sont leurs 3 fils qui aujourd'hui font tourner l'entreprise. Et leurs descendants car ils prennent de l'âge.

Chacun est propriétaire d'une terre, l'un sur l'île de Kodiak même et les deux autres sur leur propre île. Ils ont bâti des maisons, des abris à bateaux, des ateliers où l'on ramande les filets, des chemins de roulage pour tracteurs etc...

Dès notre arrivée nous sommes accostés par un de leurs bateaux et déjà les saumons montent à bord: "n'en jetez plus!!"

 

 

 

Bear Island
Bear Island
Bear Island
Bear Island
Bear Island

Bear Island

Sockeye wild and fresh!
Sockeye wild and fresh!

Sockeye wild and fresh!

 

                                                        WESTON FIELDS

 

 

Le lendemain j'amène mon équipage rencontrer un personnage qui m'a fasciné au cours de mes précédentes visites: Weston Fields. 

Il est un peu fatigué, usé par la vie et d'extraordinaires aventures. Ce monsieur est mondialement connu, il donne des conférences un peu partout autour du Globe et le voilà devant nous, mal rasé, veillant sur ses hommes comme il le fait tous les étés depuis sa plus tendre enfance. Pêcheur de saumon l'été et expert mondial en Saintes Ecritures le reste de l'année...

Weston Fields fait en effet partie de ces rares chercheurs archéologues qui ont mis au jour ou déchiffrés les inestimables parchemins de la Mer Morte. Pour cela il faut connaître l'Araméen et l'Hébreux ancien... Excusez du peu! Quand on est né à Kodiak, fils de pêcheur, le parcours est tout de même étonnant, mais les américains sont souvent surprenants, capables de mener plusieurs métiers de front et surtout n'hésitant pas à bouger. Weston a donc séjourné très longtemps en Israël et en Jordanie, mais aussi à Paris et il a été nommé Directeur de la "Fondation pour les parchemins de la Mer Morte" depuis 1991. Leur  mise au jour est une des plus importantes découvertes archéologiques du XX ème siècle.

Dans des grottes sur les bord de la Mer Morte des milliers de parchemins et de papyrus  couverts d'écritures en langue araméenne ou hébreux ancien ont été découverts depuis le milieu du siècle dernier parfois dans un état de conservation parfait car ils étaient placés dans des jares étanches fermées par de la cire. D'autres étaient en milliers de petits morceaux qu'il a fallu patiemment (encore de nos jours) rassembler comme d'immenses puzzles, d'autres enfin ont été éparpillés par des pilleurs un peu partout et Weston tente d'en récupérer le plus possible à coup de dizaines de milliers de dollars.

Les Musées de Tel Aviv et de Amman en Jordanie se disputent leur propriété depuis leur découverte à leur frontière commune. A Paris la Bibliothèque Nationale de France en détient également quelques exemplaires.

Combien de fois Weston a été reçu par le Roi Hussein pour tenter de démêler cette histoire de propriété des parchemins entre Tel Aviv et Amman. Je crois qu'il a réussi à obtenir un compromis pour que certaines de ces merveilles puissent être exposées alternativement chez les uns et chez les autres.

Rédigés par des Juifs dès le 3ème siècle avant l'ère chrétienne c'est toute la Bible et l'Ancien Testament qui sont ainsi mis au jour. Ainsi que les tout débuts de la Chrétienté.

J'ai écouté Weston me parler longuement de ses aventures et il m'a dédicacé son premier tome d'une série de 3 à venir : "Dead Sea Scrolls (a full History)", un énorme pavé que j'ai eu un certain mal à lire durant les mois suivants!

Weston Fields et le premier tome son ouvrage .
Weston Fields et le premier tome son ouvrage .
Weston Fields et le premier tome son ouvrage .
Weston Fields et le premier tome son ouvrage .
Weston Fields et le premier tome son ouvrage .

Weston Fields et le premier tome son ouvrage .

                                                 GEOGRAPHIC HARBOR

 

 

Cest un peu le Glacier National Park de la région: un site incontournable, mais que je commence à connaître comme ma poche. Le lieu est magique car situé dans un entrelac de baies et de détroits dominés par des sommets enneigés mais aussi couverts encore des cendres de la formidable explosion volcanique du Novarupta de 1912.

A Geographic Harbor on sait que l'on va voir des ours et cette année ne fait pas exception.

Les petits de l'année sont encore peureux mais ceux d'un an suivent leur mère à la recherche de coquillages, petits crustacées, mais pas encore de saumons en cette fin Juin.

On découvre au passage qu'ils sont non seulement omnivores, mais ce jour là 100% herbivores!!

 

Geographic Harbor
Geographic Harbor
Geographic Harbor
Geographic Harbor

Geographic Harbor

                                               JEANNE ET SON CHIEN

 

 

Décidément on n'en finit pas des rencontres étonnantes à Kodiak.

Sur le chemin du retour j'engage Jade dans un profond fjord de Uganik Bay où je sais trouver le refuge de Jeanne Shepherd. Je devrais plutôt dire à la Brassens le "petit coin de paradis de la Jeanne". Le coin s'appelle Mush Bay, difficile à découvrir quand on arrive de l'ouest car une courbe prononcée du rivage cache sa maison à la vue et on pourrait facilement faire demi tour pensant qu'il n'y a rien à voir.

Elle vit là seule depuis 40 ans. Arrivée de Seattle en 1978 elle décide que c'est là qu'elle veut vivre et nulle part ailleurs. Il faut dire que le coin est superbe et totalement sauvage.

Elle commença par pêcher le Dungeness Crab et le halibut juste devant chez elle et puis la ressource s'est épuisée avec l'aide des loutres gloutonnes, aujourd'hui totalement protégées depuis le temps où elles étaient sur le chemin d'une extinction totale : la plus belle des fourrures  excitait tant de convoitises.

A partir d'une cabane modeste elle a construit de ses propres mains une belle demeure sur pilotis bien au dessus du niveau des marées les  plus hautes.

Elle nous accueille avec chaleur elle aussi et se souvient de nos précédents passages.

Mes amis et moi l'accompagnons pour une visite de sa propriété: ici l'été tout pousse et nous revenons les bras chargés de légumes et de fruits. Elle a aménagé plusieurs zones de cultures et des serres bien chaudes. 

Je joue avec son chien qu'elle mène au doigt et à l'oeil.

Son intérieur est cosy et confortable.

Et les paroles de Brassens me reviennent:

Chez Jeanne, la Jeanne,
Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
On pourrait l'appeler l'auberge du Bon Dieu
S'il n'en existait déjà une,
La dernière où l'on peut entrer
Sans frapper, sans montrer patte blanche…
Chez Jeanne, la Jeanne,
On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
Et comme par miracle, par enchantement,
On fait partie de la famille
Dans son coeur, en s'poussant un peu,
Reste encore une petite place…
La Jeanne, la Jeanne,
Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie
Mais le peu qu'on y trouve assouvit pour la vie,
Par la façon qu'elle le donne.
Son pain ressemble à du gâteau
et son eau à du vin comme deux gouttes d'eau
 
C'est toute elle....
Nous revenons de chez elle les bras chargés de fruits, de légumes et de fleurs de ses jardins d'Eden.
Elle viendra à bord le lendemain en Kayak passer un moment avec nous, je lui avais promis des oeufs dont elle manquait et du lait...
Son chien fidèle avait escaladé la pointe juste en face et ne cessait de l'appeler en jappant menaçant même de se jeter à l'eau pour nous rejoindre.
Nous l'avons vue s'éloigner de nous, tranquille dans son kayak, retrouver son chien et sa chère solitude .
 

 

Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne
Chez Jeanne

Chez Jeanne

De Geographic Hbr à Shuyak isl

De Geographic Hbr à Shuyak isl

                                               SHUYAK ET SON COW BOY

 

 

Notre croisière s'est poursuivie sous une pluie incessante, pas vraiment étonnant tout ce vert autour de nous et puis ces cascades gorgées d'eau qui ruissèlent de partout.

Après avoir contourné par l'ouest la grande île voisine de Afognak je décide d'emprunter un chenal étroit que je ne connaissais pas et que j'avais évité car les instructions nautiques ne sont pas très engageantes: forts courants de marée, roches, hydrographie incomplète..

C'est l'étale et nous passons sans encombre pour aller mouiller au fond de Red Fox Bay un abri parfait juste en face de Port Williams dont on distingue la cannery en ruines .

Raymond est déjà excité à l'idée des trésors qu'il va y dénicher!! 

Au petit matin nous traversons le détroit et mouillons devant un amoncellement de ruines comme on en voit souvent en Alaska: une vieille usine de conserve de saumon abandonnée en l'état et finissant de se dégrader sous les intempéries .

Personne à l'horizon, au mouillage deux canots en alu prêts à couler (remplis d'eau de pluie!).

Mes amis avancent avec prudence mais un indice me fait penser que du monde y vient de temps à autre: une baraque en bois en relativement bon état est remplie de matériel de pêche, un vrai capharnaüm. Des escaliers et puis des sortes de ruelles en bois paraissant très vermoulu mènent plus haut vers des bâtisses en ruines. Mes amis s'arrêtent et m'exhortent à ne pas m'aventurer plus loin. Mais c'est mal me connaître: je suis têtu de chez têtu!!! 

 

Port Williams : une ancienne cannery en ruines mais....
Port Williams : une ancienne cannery en ruines mais....
Port Williams : une ancienne cannery en ruines mais....
Port Williams : une ancienne cannery en ruines mais....
Port Williams : une ancienne cannery en ruines mais....

Port Williams : une ancienne cannery en ruines mais....

Je progresse très prudemment en rasant les parois des vieux bâtiments évitant les extrêmités branlantes des passerelles dont les rembardes sont peu rassurantes.

Sur ma droite un vieux groupe électrogène dans un triste état mais dont je parierais qu'il a servi il y a peu. Deux fils en partent vers une grande maison qui présente un aspect plus engageant que le reste des constructions.

Une porte et surtout une belle poignée qui tourne facilement. J'appelle par deux fois: pas de réponse. Je pousse la porte et là surprise totale: me voilà dans une immense pièce bien agencée avec à ma droite une immense table en bois massif, du spruce de 15 cm d'épaisseur au bas mot et un alignement de sièges  taillés directement dans le tronc, et puis à gauche une grande table ronde de même style entourée des sièges massifs que je ne tenterais même pas de bouger tant ils paraissent lourds.

Au mur à gauche de l'entrée deux fusils de chasse à lunette en bon état. 

Surprise en entrant : un mobilier massif et rustique .
Surprise en entrant : un mobilier massif et rustique .
Surprise en entrant : un mobilier massif et rustique .
Surprise en entrant : un mobilier massif et rustique .
Surprise en entrant : un mobilier massif et rustique .

Surprise en entrant : un mobilier massif et rustique .

Je m'avance vers la droite et penètre dans une immense cuisine parfaitement équipée avec deux belles cuisinières à bois et des étagères couvertes de conserves.

Un peu plus loin des réserves de nourriture en quantité incroyable.

 

Cuisine équippée et reserves suffisantes pour tenir un conflit mondial.
Cuisine équippée et reserves suffisantes pour tenir un conflit mondial.
Cuisine équippée et reserves suffisantes pour tenir un conflit mondial.
Cuisine équippée et reserves suffisantes pour tenir un conflit mondial.

Cuisine équippée et reserves suffisantes pour tenir un conflit mondial.

Raymond qui m'a rejoint est aussi curieux que moi d'autant qu'on a beau appeler , personne, pas un bruit.

Il ouvre délicatement une porte qu'il referme prestement: il a aperçu quelqu'un.

Dans l'instant qui suit on voit alors sortir de son salon un géant bedonnant. Nous sommes tellement surpris qu'on ne sait quoi dire. Nous nous excusons d'être entrés chez lui et nous demandons bien quelle va être la réaction de ce personnage sorti tout droit d'un film d'épouvante. Ray avait aperçu les deux fusils à lunette et était prêt à intervenir si ça se gâtait.

Mais pas du tout, nous étions tombés sur la crème des hommes.

Gardien des lieux, encore un solitaire qui adore vivre seul dans cet immense domaine où il rêve de voir venir des touristes qui passeraient des vacances à pêcher ou chasser. Nous on n'y croit pas trop. Mais que vive le rêve!!!

Dès les premiers instants il nous parle de son chien qu'il vient de perdre: un drame et il s'est fait tatouer sa tête sur son torse fomidable. Il nous en montre la photo: un beau chien auquel il était attaché comme à un bébé. Et puis le voilà qui nous parle de son enfance et de sa maman qui lui faisait des confitures de pêche. "Tiens vous en voulez , allez je viens de les recevoir". Il a les larmes au yeux en pensant à sa maman. Vraiment un brave type.

Nous lui demandons l'autorisation de prendre quelques photos, bien sûr et le voilà qui file dans son salon et revient coiffé d'un immense chapeau et nous dit: "depuis toujours mon nom c'est "cow boy"!!!!

Quel personnage.

 

Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!
Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!
Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!
Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!
Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!
Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!

Cow Boy son chien (paix à son âme) et la confiture de pêche de sa Maman!!

Evidemment on sympathise tout de suite. On a droit à la visite complète des bâtiments dont un genre de "lodge" où je ne me vois pas du tout passer des vacances, mais laissons toujours vivre le rêve !!

Plus loin nous descendons et pénétrons dans l'ancienne usine, passionnant comme d'habitude: une centrale électrique  à conduite forcée qui ne demande qu'à tourner, des gigantesques chaudières pour la vapeur et puis les fours pour stériliser les conserves.

Les sols sont intacts fait de grosses planches de cèdres imputrescibles, quasi éternels.

Nous nous quittons avec une certaine tristesse, sa gentillesse nous a touchés et allons lui chercher à bord des filets de saumon et de halibut car bizarrement il ne pêche pas. Peut-être la peur de faire du mal aux poissons, qui sait?

Images typiques d'une ancienne cannery et sa chaudière.
Images typiques d'une ancienne cannery et sa chaudière.

Images typiques d'une ancienne cannery et sa chaudière.

                                                      KENAÏ PENINSULA

 

Je ne vais pas m'attarder sur un épisode plusieurs fois vécu et dont je parle dans des articles précédents: la Péninsule de Kenaï est extrêmement réputée, c'est un Parc National, car il s'agit d'une région extrêmement accidentée, de hautes montagnes et des Icefields se drainant dans des fjords majestueux par des "tidal glaciers" qui viennent vêler leurs icebergs directement dans le Pacifique.

Une beauté naturelle difficile d'accès mais très fréquentée l'été du côté de Seward à son extrémité Est. Seward est une petite ville bourdonnante de touristes car on y vient d'Anchorage par la route ou par un "scenic train" très populaire.

Autant dire que le port est rempli de bateaux de charter très rapides qui amènent leur lot de touristes jusque dans les fjords les plus proches à quelque 50 milles ce qui représente une bonne journée aller-retour.

Les fjords les plus à l'ouest ne sont pas visités car trop éloignés et c'est là que nous nous posons, seuls au monde.

Nous en profitons pour nous émerveiller de ces splendeurs et nous approchons avec prudence le plus près possible du front des glaciers. 

C'est une exercice que je pratique maintenant depuis des années et Jade s'en sort à merveille, du moins presque toujours...

Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.
Kenaï Fjords.

Kenaï Fjords.

De Kenaï à Prince Williams Sound et Cordova.

De Kenaï à Prince Williams Sound et Cordova.

                                                PRINCE WILLIAMS SOUND

 

Nous ne sommes pas attardés à Seward pour profiter au maximum de ce Graal de l'Alaska, le Prince Williams Sound.

Immense baie totalement fermée au Sud par l'île Montague, la houle du large n'y pénètre jamais. Au Nord l'énorme chaîne des Chugach Mountains avec ses sommets de 4000m forme un décor de toute beauté et produit un nombre impressionnant de glaciers dont plus d'une vingtaine se jettent en mer au fond de fjords profonds.

 

Chugach Mountains
Chugach Mountains

Chugach Mountains

Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.
Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.

Lake Bay Hatchery . Visite traditionnelle : les saumons y viennent par millions pour se reproduire.

Entrée dans Harriman Fjord: une moraine classique qui donne une image spectaculaire au sondeur avec ses deux fronts quasi verticaux.
Entrée dans Harriman Fjord: une moraine classique qui donne une image spectaculaire au sondeur avec ses deux fronts quasi verticaux.
Entrée dans Harriman Fjord: une moraine classique qui donne une image spectaculaire au sondeur avec ses deux fronts quasi verticaux.
Entrée dans Harriman Fjord: une moraine classique qui donne une image spectaculaire au sondeur avec ses deux fronts quasi verticaux.

Entrée dans Harriman Fjord: une moraine classique qui donne une image spectaculaire au sondeur avec ses deux fronts quasi verticaux.

Nous faisons de nombreuses escales particulièrement dans Harriman Fjord, Granite Bay et Esther passage et son magnifique mouillage de "Shoestring Cove".

Bien entendu nous rendons visite à la belle hatchery de Lake Bay où les Pink Salmons se précipitent par centaines de milliers. Ils sont aspirés vers des tapis roulants par une énorme vis sans fin, anesthésiés par décharge électrique puis les femelles sont éventrées, leurs oeufs tombent directement dans de grands seaux que les hommes arrosent du sperme des mâles en pressant fortement sur leur abdomen.

Simple maneuvre qui contribuera dans l'année à produire des dizaines de millions d'alevins qui partiront pour trois ans en mer avant de revenir ici entretenir ce mouvement perpétuel tout en laissant une grande part de leurs troupes alimenter orques, baleines et tous les gros prédateurs pélagiques, maintenir une pêche durable, engraisser ours et lions de mer.

L'Alaska est un exemple enviable du contrôle absolument strict de la ressource en saumons sauvages. Pas une seule ferme. Il en est de même pour la plupart des espèces que ce soient des halibuts (flétans), black cods ou king crabs.

En 2022 la pêche au King Crab a été interdite car l'Etat d'Alaska a constaté que la réserve était insuffisante du fait de la remontée vers le nord de ces gigantesques crustacés tellement apprécié des gastronomes. Rechauffement climatique? Migrations inexpliquées?? Il me semble avoir lu que ces crabes quittent le Mer de Bering pour migrer vers des mers plus froides comme le Mer de Barents au nord de la Norvège où c'est tout le contraire: ils envahissent toute la région!!

 

Poursuivant notre route vers Valdez nous visitons pour la première fois Cascade Bay très spectaculaire et puis terminons par l'un des plus beaux sites de Prince Williams Sound, le gigantesque Columbia Glacier.

Nous y arrivons après un assez fort coup de vent qui a retenu la glace en amont de la moraine. Comme d'habitude nous passons la nuit dans Jade Cove, un clin d'oeil mais aussi un ravissant mouillage tout proche du Columbia Glacier. 

La remontée vers le glacier est longue et difficile et pour la première fois je suis obligé de stopper à distance du front du glacier car décidément ça ne passe pas: la glace est trop serrée et notre bateau se fait trop secouer, les chocs sur l'étrave et les parois sont forts, impressionnants et je crains de me retrouver bloqué dans une sale situation. Dans ces conditions il faut bien comprendre qu'il est hors de question de battre en arrière car l'hélice n'est plus protégée, quant aux propulseurs latéraux le moindre glaçon pourrait en casser une pale.  

Repli prudent et stratégique , mais survol en drone pour des photos spectaculaires.

Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .
Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .

Cascade Bay. Columbia Glacier. Jade Cove .

Jade Cove

Jade Cove

Photo prise à l'intention des futurs navigateurs tentés par l'entrée dans Jade Cove: la roche affleurante visible à droite est mal hydrographiée: elle est placée en plein milieu du passage si bien que vouloir serrer à droite peut être dramatique.

Photo prise à l'intention des futurs navigateurs tentés par l'entrée dans Jade Cove: la roche affleurante visible à droite est mal hydrographiée: elle est placée en plein milieu du passage si bien que vouloir serrer à droite peut être dramatique.

Alain et Charlotte ( au fond le Columbia Glacier).

Alain et Charlotte ( au fond le Columbia Glacier).

Nous sommes fin Juillet.

Pour mes amis Alain et Charlotte la croisière s'achève ici à Valdez: deux mois pleins de péripéties  à commencer par les travaux du début qu'ils ont acceptés avec philosophie et gentillesse sachant eux-mêmes ce qu'est un bateau complexe, jamais à l'abri d'un problème technique.

Mais je crois que nous avons passé de très bons moments ensemble et que nous nous retrouverons ici ou ailleurs, en Bretagne pourquoi pas??

                                               UNE NOUVELLE PAGE S'OUVRE

 

 

Je ne sais par quel bout commencer.

Déjà dire que cette croisière, qui me laissera un grand souvenir, nous a vus accueillir Raymond et moi  trois équipages, tous formidables et aussi très différents.

Deux étaient constitués de marins expérimentés, mais le troisième, au mois d'Août l'était moins.

Et pourtant, quel bonheur que ce mois d'Août!

Je me dois de rentrer un peu dans le détail pour deux raisons : d'abord ne pas oublier ces moments c'est important, et puis montrer comment les générations peuvent merveilleusement s'entendre malgré de grandes différences d'âge et d'expériences.

Il m'avait été proposé 2 ans auparavant de venir donner un coup de main, dans la mesure de mes compétences bien sûr, dans le service de radiologie du Médipole de Nouméa.

J'avais accepté avec une certaine angoisse car la pratique hospitalière est tellement différente de celle, libérale,  que je connaissais bien et surtout parce que j'allais me retrouver très vieux au milieu de jeunes radiologues d'un haut niveau de compétence, parfaitement au fait des dernières innovations dans cette spécialité de pointe.

Et l'hôpital, tout neuf, n'a rien à envier aux meilleurs établissements de Métropole.

Donc un gros complexe en arrivant dans les lieux. La plupart de mes collègues avaient la moitié de mon âge, plus jeunes que mes propres fils!!!

Rien ne s'est passé comme j'aurais pu le craindre.

En quelques mois, non seulement j'ai pris mes marques dans les domaines qui me sont restés familiers, mais j'ai beaucoup appris, j'ai constaté combien la pathologie hospitalière était lourde et les examens souvent épuisants physiquement, je pense en particulier à la pédiatrie qui représente une part énorme de l'activité.

Et puis, véritable miracle, j'ai lié de vrais liens d'amitiés, solides avec mes jeunes collègues qui m'ont  montré non seulement beaucoup de gentillesse mais n'ont jamais refusé de me donner un coup de main quand j'avais quelque doute sur un diagnostic difficile. C'est aussi le côté très positif de l'hôpital: ce partage permanent des connaissances, dans une grande simplicité.

Personne n'a la grosse tête dans ce service.

A tel point que lorsqu'un petit groupe m'a dit sur le ton de la plaisanterie" alors Jojo quand est-ce que tu nous emmènes en Alaska " j'ai répondu aussitôt : "pas cap???".

Et c'est ainsi qu'à Valdez ils étaient 4 à nous rejoindre.

Raymond, qui me connait par coeur, se doutait bien que je ne me lançais pas dans une aventure vouée à l'échec, mais je le sentais un peu inquiet. Il est très réservé de nature et redoute de se retrouver en mauvaise compagnie. Je lui avais dit "tu verras, ça va très bien se passer" et ça s'est passé au delà de ses prévisions les plus optimistes.

 

 

 

  

                 RENDEZ-VOUS A VALDEZ

                                                OU DANS UN FILM DES ANNEES 50?

 

J'avais prévu une escale technique à Valdez pour préparer le bateau pour la longue course qui devait nous ramener à Sitka. Nos précedents équipiers avaient laissé Jade dans un état impeccable, il nous fallait donc essentiellement faire les vivres et les pleins.

 

 

 

 

Valdez
Valdez

Valdez

Et puis aller chercher nos nouveaux amis à l'aéroport un peu éloigné de la ville.

C'est là qu'intervient un épisode étonnant qui en dit long sur l'esprit américain.

A Valdez j'apprends très vite que le Covid a eu raison de la seule compagnie de location de voitures. La tuile. En discutant de ce sujet dans un commerce on me conseille de poster une annonce sur le website local des citoyens de Valdez.

Dans le quart d'heure je reçois une réponse du genre" pas de problème j'ai la voiture qu'il vous faut, quand vous voulez".

On communique par téléphone et voilà Jim qui m'amène sa voiture tandis que sa femme le suit au volant d'un autre véhicule. 

Et quelle voiture! Une Chevrolet rouge V8 Bel Air de 1957....James Dean, Humphrey Bogart, Marilyn... Tous défilent dans ma tête en la voyant. J'en crois pas mes yeux. Il me dit "vas-y, fais quand même gaffe car j'y tiens comme à la prunelle de mes yeux" évidemment, c'est même angoissant de se trouver au volant d'une telle beauté !

Quand je la lui ai rendue quelques jours plus tard, il m'avait averti: "y a rien à payer, c'est mon plaisir!!".

Non seulement j'avais fait le plein mais je lui avais préparé un cadeau en remerciement. Hé bien il était tellement content qu'il est revenu m'en offrir un à son tour..

Ce n'est pas la première fois que nous constatons cette gentillesse extraordinaire des gens en Alaska. The last frontier. Comme disait mon vieux copain Charbonnier: "ici c'est pas comme ailleurs"!!

Nous voilà donc parés pour aller à l'aéroport accueillir nos jeunes équipiers Pierre et Mona. Un couple adorable, lui grand, costaud, les pieds bien calés dans ses baskets, elle ravissante et délicate, tous deux habitués des expéditions sac à dos et sans chichi.

Il fallait voir leur tête quand je leur ai ouvert les portes de la Bel Air V8 rouge!!!

 1957Accueil un peu particulier en Amérique des années 50 : Chevrolet Bel Air V81957
 1957Accueil un peu particulier en Amérique des années 50 : Chevrolet Bel Air V81957
 1957Accueil un peu particulier en Amérique des années 50 : Chevrolet Bel Air V81957

1957Accueil un peu particulier en Amérique des années 50 : Chevrolet Bel Air V81957

A peine remis de leur surprise je les emmène, comme quelques années auparavant je l'avais fait pour Raymond, faire un tour du côté de la hatchery: la mer est solide de saumons par millions comme d'habitude, les lions de mer se gavent, mais cette année pas d'ours: ils digèrent sans doute dans l'ombres des sous bois.

Pierre et Mona : la croisière commence!
Pierre et Mona : la croisière commence!
Pierre et Mona : la croisière commence!

Pierre et Mona : la croisière commence!

                                          PRINCE WILLIAMS SOUND AGAIN

 

 

En réalité il nous manque deux équipières qui pour des raisons de météo (brouillard) ont loupé leur vol sur Valdez. Rapidement je décide de retraverser le Sound puisque de toute façon je devais le faire mais en plusieurs étapes. Là, en définitive, on fera le trajet en sens inverse de mes prévisions, ce qui ne change pas grand chose.

Deux belles filles, Sarah et Florence, elles aussi très aguerries et qui n'ont fait aucune difficulté pour effectuer un trajet pas si évident: venir depuis Anchorage jusqu'à Whittier par la route, puis trouver un taxi-boat pour les amener au point de rendez-vous que je leur avais fixé: la fameuse Hatchery de Lake Bay.

Elles ont à peine eu le temps de débarquer que Jade embouque l'entrée de la passe just in time!

Nous voilà donc au complet.

 

La nouvelle équipe au complet à Lake Bay

La nouvelle équipe au complet à Lake Bay

Très vite la vie à bord a pris son rythme et chacun a trouvé sa place exacte, c'est un vrai bonheur. Cuisine, vaisselle, ménage, chacun y met du sien. Tout ça se passe en douceur et dans une extraordinaire bonne humeur .

Je dois dire qu'on rigole bien, j'en ai même des douleurs abdominales tant il m'arrive de rire aux histoires de Sarah pimentées d'un petit accent marseillais!!

Tous les jours, malgré le temps maussade, nous faisons des balades à terre armés de bombes à poivre pour faire fuir les ours au cas où.

On a aussi des petites clochettes à la ceinture pour faire du bruit et des cornes de brumes, mais je n'ai pas le souvenir que nous nous en soyons servis.

Le plus surpris a été  Raymond.

Lui qui angoissait un peu à l'idée de se retrouver avec des novices dans les pattes, c'est exactement l'inverse qui s'est produit. Il a trouvé en Pierre un équipier efficace, toujours prêt à donner un coup de main d'autant qu'il a une force physique impressionnante.

Raymond m'a confié un jour" ce type tu lui montres une seule fois, c'est imprimé, pas la peine d'y revenir, c'est merveilleux". A eux deux je dois dire qu'ils ont fait une paire d'amis et l'élève était bien près de dépasser le maître, je veux parler surtout de la "pêche sportive" au saumon. 

Florence aussi était très intéressée par tout le côté technique de la navigation et toujours prête à aider.

On la voyait courir et sauter un peu partout dans le bateau au point que Raymond la surnommait "zébulon"!!!  

 

 

Toujours dans la bonne humeur!
Toujours dans la bonne humeur!
Toujours dans la bonne humeur!
Toujours dans la bonne humeur!

Toujours dans la bonne humeur!

Je ne vais pas revenir sur un trajet assez classique maintenant: un mouillage sûr dans Granite Bay avant d'explorer les merveilleux glaciers de Harriman et de Barry fjords.

 

Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.
Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.

Prince Williams Sound . Harriman et Barry glaciers.

Esther passage bien entendu avec un arrêt obligatoire à Shoestring, Cascade Bay et un long trajet sous des trombes d'eau pour arriver à Cordova, très joli port extrêmement bourdonnant de la vie des pêcheurs: ici c'est la capitale des Gillnetters ces bateaux en aluminium équipés d'un énorme moteur qui tirent des filets droits en travers des fjords un peu comme des set-nets mais en beaucoup plus longs.

Un Gillnetter de Cordova.
Un Gillnetter de Cordova.

Un Gillnetter de Cordova.

De Cordova à Lituya Bay

De Cordova à Lituya Bay

                                            PELERINAGE A LITUYA BAY

 

 

A force d'évoquer La Pérouse nos jeunes amis brûlent d'impatience d'aller découvrir cette fameuse baie (la plus belle baie du monde aurait confié La Pérouse) .

Nous quittons donc Cordova pour une traversée partielle du Golfe d'Alaska en direction de Lituya Bay .

Traversée un peu mouvementée au départ surtout au passage de Kayak Island où les courants de marée sont forts et lèvent une mer courte et abrupte quand le vent souffle à l'opposé, ce qui est le cas. 

Nous nous présentons un peu tôt devant la passe d'entrée de Lituya Bay et notre radar nous renseigne très exactement sur l'état du mascaret, une aide bien précieuse.

Et c'est toujours avec un pincement au coeur que nous franchissons cette passe redoutée où sont morts 21 marins français en 1786.

Evolution du mascaret dans la passe d'entrée. A droite radar en overlay.
Evolution du mascaret dans la passe d'entrée. A droite radar en overlay.

Evolution du mascaret dans la passe d'entrée. A droite radar en overlay.

Sale temps durant tout notre séjour à Lituya Bay.

Un soir cependant comme par miracle au coucher du soleil c'est l'embrasement des hauts sommets qui nous dominent, le Mont Crillon, le Mont La Pérouse...

Nous pêchons saumons et crevettes. 

Explorons l'ïle du Cénotaphe et retrouvons la plaque en mémoire de Hushcroft qui vécut sur l'île pendant une trentaine d'année et y subit deux tsunamis qui ont mit fin à son exploitation de renards argentés et tout simplement à sa propre survie sur l'Île.

Une nouvelle fois nous nous aventurons jusqu'au fond de la Baie où trois glaciers viennent se jeter. Tout s'est terriblement transformé depuis mon premier passage en 1994. A l'époque nous avions pu pénétrer sans peine dans les deux fjords profonds.

Aujourd'hui tout est comblé, on a l'impression que les glissements de terrains successifs remplissent ces fjords d'alluvions et on se demande bien comment un nouveau tsunami comme celui de 1958 ou même du temps de La Pérouse, pourrait se produire.

Je rappelle juste pour ceux qui l'ignorent: c'est dans cette baie que le plus haut tsunami jamais enregistré l'a été en 1958: une vague de 525 mètres a été créée par un formidable glissement de terrain. Je raconte en détail cette catastrophe dans un précédent article, ainsi que le drame de La Pérouse (aidé par mon ami Raymond). 

Le Mont Crillon.
Le Mont Crillon.

Le Mont Crillon.

Île du Cénotaphe . La plaque de Ushcroft.
Île du Cénotaphe . La plaque de Ushcroft.
Île du Cénotaphe . La plaque de Ushcroft.
Île du Cénotaphe . La plaque de Ushcroft.

Île du Cénotaphe . La plaque de Ushcroft.

A gauche l'image radar en overlay (superposition de la carte et de l'image radar). Photos saisissantes correspondantes depuis le drone.
A gauche l'image radar en overlay (superposition de la carte et de l'image radar). Photos saisissantes correspondantes depuis le drone.
A gauche l'image radar en overlay (superposition de la carte et de l'image radar). Photos saisissantes correspondantes depuis le drone.
A gauche l'image radar en overlay (superposition de la carte et de l'image radar). Photos saisissantes correspondantes depuis le drone.

A gauche l'image radar en overlay (superposition de la carte et de l'image radar). Photos saisissantes correspondantes depuis le drone.

De Lituya Bay à Sitka.

De Lituya Bay à Sitka.

                                         NOUVEAU DECOR: LA PAN HANDLE 

 

 

Quittant Lituya Bay le spectacle est somptueux quand on longe la côte jusqu'au Cap Spencer marqué par un grand Phare.

Les glaciers se succèdent dont le plus beau de tous: le La Pérouse qui vient se jeter dans l'Océan Pacifique. Il faut dire que toute cette zone fait partie intégrante du Glacier National Park un des plus célèbres du Pays qui attire 2 millions de visiteurs chaque année. Nous refusons de faire la queue derrière les paquebots et nous contentons de baies tout aussi belles mais totalement ignorées du tourisme de masse.

Une fois passé le Cap Spencer nous pénétrons dans Cross Sound et à nouveau dans un dédale invraisemblable de fjords totalement abrités qui découpent profondément cette petite partie de l'Alaska arrachée diplomatiquement au Canada et que les américains appellent la Pan Handle ou "manche de poêle". On comprend pourquoi en regardant une carte. Du côté de Lituya Bay la frontière se situe au sommet du gigantesque Mount Fairweather  (altitude du Mont Blanc)  à ......27 km très exactement de la côte. 

Toujours un temps maussade pour notre escale traditionnelle dans le très beau Graves Harbor puis au delà du Cap Spencer, en plein milieu du Parc National, nous explorons Dundas Bay.

La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.
La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.
La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.
La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.
La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.
La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.

La Pérouse Glacier. Graves Harbor. Dundas Bay.

                                                          ELFIN COVE

 

Elfin Cove est une escale obligatoire tellement ce petit port de pêche est charmant.

8 habitants permanents!

Pas une place dans le port à l'entrée, je fais demi tour et prend la deuxième entrée plus étroite et ce minuscule chenal où Jade accroche presque les branches des arbres des deux rives.

L'arrière-port s'ouvre devant nous apparamment plein lui aussi .

Mais Keith est là qui nous repère aussitôt et fait avancer un de ses copains pêcheur de quelques mètres et nous voilà en bout de ponton installés confortablement.

Keith est un ancien navigateur de l'aéronavale américaine retiré ici où il reçoit ses amis et part régulièrement en pêche au saumon et au halibut dans le Cross Sound vers l'Ouest, très poissonneux car directement ouvert vers le large d'où arrivent les saumons. Ici on ne pêche qu'à la traine et les bateaux sont très élégants avec leurs immenses tangons déployés. On dit que les poissons attrapés de cette façon sont les meilleurs car jamais agressés par les mailles d'un filet dans lequel ils s'entassent et se blessent.

 

Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.
Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.

Elfin Cove. Keith et son chien. Dîner chez Keith.

Jade en bout de ponton. A droite l'étroit chenal menant à l'arrière-port.
Jade en bout de ponton. A droite l'étroit chenal menant à l'arrière-port.
Jade en bout de ponton. A droite l'étroit chenal menant à l'arrière-port.

Jade en bout de ponton. A droite l'étroit chenal menant à l'arrière-port.

A peine amarrés nous voilà invités à dîner chez Keith en compagnie de son copain Dannys lui aussi octogénaire et toujours pêcheur professionnel.

Repas pantagruélique à base de halibut deep fried délicieux bien sûr. Il y en a des kilos et malgré l'appêtit des jeunes (hein, Pierre!) il en reste et nous repartons à bord lestés d'un joli doggy bag.

Keith est allé souvent à Lituya Bay et il a une connaissance exhaustive du phénomène qui provoque ces tsunamis gigantesques depuis la nuit des temps. Il pense que ce n'est pas fini contrairement à l'impression que nous avons que les fjords profonds dans lesquels se précipitaient les glissements de terrain se sont progressivement comblés. Mais il semble que ce ne soit pas si simple et l'avenir nous le dira: voilà 64 ans que le dernier s'est produit. Le prochain ne devrait pas tarder.

                                         UN DEMI TOUR DE BARANOF ISLAND

 

 

De mon point de vue l'Île de Baranof est ce qui se peut faire de mieux dans cette partie sud de l'Alaska. Un tour de Baranof peut prendre sans problème un bon mois sans jamais voir le même spectacle que ce soit en explorant sa côte Est bordée par l'immense Chatham Strait ou l'autre exposée directement à la houle du Pacifique.

On y trouve tout ce que la nature sauvage de l'Alaska  peut nous offrir à l'exception des glaces beaucoup plus proches des hauts reliefs couverts de neiges éternelles. Il y a quelques glaciers sur Baranof mais ils n'atteignent jamais la mer.

Les photos se suffisent à elles-mêmes et je ferai peu de commentaires. 

 

 

Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff
Ell Cove et Red Bluff

Ell Cove et Red Bluff

Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".
Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".
Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".
Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".
Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".
Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".
Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".

Reflexion dans Ell cove. Warm springs : baignoire d'eau très chaude devant la cascade.La maison de Ken en "première ligne".

A Warm Spring l'eau chaude est gratuite. Des baignoires sont installées dans un petit bâtiment donnant sur la cascade. Pendant que nos amis partent en exploration, Raymond et moi rendons visite à Jim Brennan propriétaire d'une petite maison située en "première ligne" comme on dit au Cap Ferret, qu'il tient de son père pêcheur à Petersburg.

Je raconte dans un précédent article comment Jim se retrouve aujourd'hui propriétaire d'un magnifique pierrier en bronze daté de 1746 "fait par Dupont à Rochefort". Raymond est certain qu'il vient de Lituya Bay et du naufrage des biscayennes en 1786... Mais c'est toute une histoire passionnante que je raconterai un jour. Jim a décidé de partir en France sur les traces de ce canon et Raymond lui procure les meilleures recommandations possibles. Il sera accueilli et bien accueilli!!

 

Takasz Bay
Takasz Bay
Takasz Bay
Takasz Bay

Takasz Bay

Grizzlis d'Alaska (ours bruns).
Grizzlis d'Alaska (ours bruns).
Grizzlis d'Alaska (ours bruns).
Grizzlis d'Alaska (ours bruns).

Grizzlis d'Alaska (ours bruns).

Elle donne une leçon à son petit qui s'épuise à nager en menaçant de lui mettre la tête sous l'eau.
Elle donne une leçon à son petit qui s'épuise à nager en menaçant de lui mettre la tête sous l'eau.
Elle donne une leçon à son petit qui s'épuise à nager en menaçant de lui mettre la tête sous l'eau.

Elle donne une leçon à son petit qui s'épuise à nager en menaçant de lui mettre la tête sous l'eau.

Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".
Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".
Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".
Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".
Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".
Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".
Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".

Les baleines à bosse nous gratifient de nombreux "bubble net feedings".

Le maître et l'élève et le résultat : tout juste bon pour les oeufs (là c'est un mâle en l'occurence!)
Le maître et l'élève et le résultat : tout juste bon pour les oeufs (là c'est un mâle en l'occurence!)
Le maître et l'élève et le résultat : tout juste bon pour les oeufs (là c'est un mâle en l'occurence!)

Le maître et l'élève et le résultat : tout juste bon pour les oeufs (là c'est un mâle en l'occurence!)

Peu de temps avant leur retour en Calédonie.

Peu de temps avant leur retour en Calédonie.

                                                       JADE : LE RETOUR

 

 

Ce mois d'Août nous a vu parcourir une belle distance depuis Valdez, environ 1200 milles émaillés de magnifiques paysages, de belles rencontres mais surtout dans une ambiance amicale à la fois chaude et tellement rafraîchissante.

Tout le monde se quitte à Sitka et je n'oublierai pas les larmes de Sarah et Florence sur le ponton alors que Nancy les embarquait dans sa voiture en direction de l'aéroport. Nous étions Raymond et moi très émus aussi, certains d'avoir vécu une bien belle tranche de vie (inter générationnelle).

Encore une fois c'est la préparation du bateau pour la dernière étape qui doit nous amener dans la région de Vancouver à environ 1200 milles de Sitka. Notre équipe de jeunes nous a laissé un bateau immaculé et nous avons juste à nous occuper des vivres et des pleins comme d'habitude.

Le couple d'amis qui nous arrive de Nouméa n'est pas novice en matière de navigation puisqu'ils ont un magnifique voilier Garcia à bord duquel ils ont parcourus de nombreux milles dans le Pacifique. Deux médecins, ça énerve Raymond qui une fois de plus dit" des toubibs et un débile comme toujours, moi"!! Modeste Raymond qui ne se met jamais en avant alors que pendant ses années de navigation à la barre des navires de recherche non seulement il accumulait une expérience unique des trois océans mais surtout et c'est vraiment à mettre à son crédit, il s'intéressait à tout ce que les chercheurs pouvaient lui apprendre: sismologie, hydrographie, organismes marins, récifs coraliens, pêche etc.... Si bien que ses connaissances de notre monde sont immenses. Pas de quoi faire des complexes avec les toubibs!!

Catherine et Christian sont nos nouveaux équipiers. Je pense que Christian venait avec une petite idée derrière la tête: se rendre compte par lui-même, sur place, si ça valait le coup d'amener son voilier en Alaska. On n'en a pas beaucoup parlé en réalité mais une chose est sûre c'est que le manque de vent (ou la tempête) change la donne: un trawler est beaucoup plus adapté à ce genre de navigation qu'un voilier.

 

 

 

De Sitka à Ketchikan

De Sitka à Ketchikan

Nouvelle équipage au complet filmé par le drone.

Nouvelle équipage au complet filmé par le drone.

Je leur avais promis un riche condensé de l'Alaska avant d'entamer notre descente de la British Columbia jusqu'à Vancouver.

J'avais donc divisé leur séjour en deux parties presqu'égales: deux semaines en Alaska et le reste en Colombie Britannique.

Retour donc autour de la belle Baranof:  ses ours, ses saumons, ses baleines et puis aussi plus loin vers l'Est les glaces de LeConte Glacier du côté de Petersburg.

Je pense qu'ils ont été gâtés car on a tout vu et sous un soleil étincelant d'un bout à l'autre.

Le parcours depuis Sitka devient un grand classique: Peril et Chatham Straits et leurs baleines, Hidden Falls ou Pavlov et leurs ours, Warm Springs et ses bains chauds, Red Bluff sa cascade et sa rivière, Takaz sa splendeur, Ell Cove la plus petite et ses réflexions, et partout les saumons qui viennent au mois de Septembre s'échouer sur les estrans à marée basse dans une puanteur qui monte doucement en puissance jusqu'à vous dégoûter. Il faut dire qu'à la veille de mourir ils se sont transformés et sont couverts de plaies, ils font vraiment pitié. Et nous nous sommes résignés car voir crever comme ça des millions d'animaux c'est choquant mais ce n'est qu'un processus universel puisque c'est pour se reproduire et engraisser tout un monde de crustacés, vers, oiseaux de proie, our , renards etc...Quand on voit un de ces saumons épuisé tenter de remonter un courant trop fort pour lui et venir s'échouer à vos pieds on a qu'une envie, le remettre à flot, mais ça ne sert strictement à rien "c'est son destin" .

Nous prélevons régulièrement notre dîme sous la forme d'oeufs bien rouges que nous laissons quelques jours dans une saumure avant de nous en régaler sur du pain frais beurré et un filet de citron vert.

Après Red Bluff c'est une traversée vers Petersburg et la belle chaîne enneigée qui domine le petit port vers l'est. Sur le chemin les baleines à bosse nous gratifient de Bubble net feedings à n'en plus finir.

 

   

Petersburg
Petersburg

Petersburg

Vers Le Conte Glacier
Vers Le Conte Glacier
Vers Le Conte Glacier
Vers Le Conte Glacier

Vers Le Conte Glacier

 

                                              LE CONTE GLACIER

 

Le vrai joyau de ce coin c'est le grand glacier LeConte que nous allons explorer pour la troisième fois.

Je commence à le bien connaitre et je sais qu'il est très dangereux car très actif. D'ailleurs les instructions nautiques et les guides de croisière recommandent de l'éviter : trop de glaces, courants, hydrographie incomplète... C'est tout à fait ce qui m'excite depuis que j'ai pratiqué cet exercice en Terre de Feu il y a plus de 30 ans...J'adore pousser la glace avec l'étrave de mon bateau!!!

 

   

Le Conte Glacier vu de Jade
Le Conte Glacier vu de Jade
Le Conte Glacier vu de Jade
Le Conte Glacier vu de Jade

Le Conte Glacier vu de Jade

Eh bien LeConte n'a pas failli à sa réputation cette année: la route est longue et de plus en plus hasardeuse au fur et à mesure que Jade progresse vers le but. Le fjord serpente et à chaque courbe on découvre un paysage nouveau de plus en plus sauvage. L'eau devient glaciale, la brise pique et surtout les growlers se pressent les uns contre les autres de plus en plus gros. J'ai été obligé d'arrêter la progression à un mille environ du front du glacier: impossible d'avancer plus avant. Et puis un courant nous aide ou bien le vent je ne sais plus, et on finit par se retrouver devant la muraille bleue verticale.

Pas question d'approcher trop près car ce glacier (qui est un des rares à ne pas reculer) est très productif et des pans énormes de glace se précipitent dans l'eau profonde créant un petit tsunami qui pourrait se révéler dangereux. Mais bientôt la vague est amortie par toute la glace flottante comme une couche solide.

Nous y passerons de longues heures avant de reprendre la route de Petersburg qui vaut qu'on s'y arrête un moment.

La pêche bat son plein. Très peu de plaisanciers dans ce grand port et de rares touristes qui se régalent à retrouver une ambiance norvégienne en plein Alaska.

   

Le Conte Glacier
Le Conte Glacier
Le Conte Glacier

Le Conte Glacier

Le Conte Glacier
Le Conte Glacier
Le Conte Glacier
Le Conte Glacier
Le Conte Glacier

Le Conte Glacier

Nous prenons les Wrangell  Narrows avec la bonne marée car le courant frise les 6 noeuds.

C'est un long chenal extrêmement bien balisé. Si on calcule bien son coup, on part avec un bon courant portant et arrivé au milieu du chemin on arrive à la marée pleine haute et on redescend de l'autre côté avec le jusant qui pousse toujours vers le Sud!!

Et c'est un exercice que nous réussissons une fois encore. 

 

Wrangell Narrows au départ de Petersburg: une bouée qui file ses 6 noeuds.

Wrangell Narrows au départ de Petersburg: une bouée qui file ses 6 noeuds.

Au mouillage de St John Harbor, le soir, le temps nous gratifie d'un coucher de soleil somptueux.

 

 

St John Harbor
St John Harbor
St John Harbor

St John Harbor

                                                  MEYERS CHUCK

 

 

Sur la route de Ketchikan, le lendemain, c'est devenu une escale traditionnelle: Meyers Chuck.

Encore une toute petite communauté regroupée autour d'une baie minuscule parfaitement abritée. C'est ravissant et très reposant. En ce moment on prépare l'hiver et on remplit les réserves de bois pour le chauffage. Les énormes troncs de spruces ou de red cedars sont échoués en bord de plage  tout près de la "Meyers Chuck Timber Company ltd", un nom pompeux pour la mini scierie qui débite les troncs en belles bûches faciles à stocker. Nous rendons visite à la postière qui nous fait tout de même comprendre que la poste n'est pas ouverte et que le coin est une propriété privée. Elle s'adoucit au bout de quelques instants et nous ouvre sa petite boutique.

Les cartes postales sont presque aussi vieilles que la postière... On en achète deux ou trois pour faire plaisir. Le coin est vraiment ravissant: la maison de la postière est posée sur un île qui s'isole du reste du monde à marée haute et qui redevient accessible quand l'eau se retire. Vue d'ici Jade paraitrait presque trop grande dans ce décor de poupée.

 

 

Meyers Chuck , la "Timber Co"
Meyers Chuck , la "Timber Co"
Meyers Chuck , la "Timber Co"
Meyers Chuck , la "Timber Co"
Meyers Chuck , la "Timber Co"
Meyers Chuck , la "Timber Co"

Meyers Chuck , la "Timber Co"

                                                       KETCHIKAN

 

Ketchikan n'est pas bien loin et nous y arrivons vers 16:30 le 14 Septembre .

C'est l'escale obligatoire où nous devons faire les formalités de sortie avant de passer la frontière canadienne avec la British Columbia.

Ketchikan est un port actif où les monstrueux paquebots font escale. Les flots de touristes se déversent dans cette petite ville historique de 8000 habitants: 2 seuls suffisent à dépasser la population locale et ils sont souvent 4 ou 5...Les commerçants sont aux anges car depuis deux ans il n'y avait plus un chat pour visiter la fameuse Creek Street et ses inombrables boutiques d'objets traditionnels "authentiques"!

Nous y allons en général le soir vers 6 heures quand les navires appareillent et que la ville reprend une allure normale.

Le Surdough Bar nous accueille une fois de plus: c'est une curiosité car tous les murs sont couverts du sol au plafonds de photos et affiches dont le seul et unique sujet concerne les fortunes de mer des environs: voiliers anciens éventrés sur des roches, bateaux en feu, épaves de toutes sortes et quelques clichés très drôles de bateaux ayant loupé ou mal fait leur calcul de marée et qui se retrouvent à basse mer au sommet d'une roche certainement très bien hydrographiée, mais que celui qui n'a jamais touché  leur jette la première pierre!!

L'Alaskan ambrée y coule à flot, c'est notre bière préférée.

 

Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)
Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)

Ketchikan cette année (en haut) et en temps normal (4 paquebots en ligne)

                                            PRINCE RUPERT 

                                  HOMMAGE A MICHEL JOUBERT

 

On s'arrête pour la nuit à Foggy Bay dont le nom n'est pas usurpé.

Et le lendemain nous traversons sur Prince Rupert autre escale incontournable pour faire notre entrée au Canada.

Il suffit d'appeler Ottawa et demander à parler en Français. Le douanier à 5000 km d'ici nous affecte un numéro qu'il nous suffira de montrer si d'aventure nous étions contrôlés avant notre arrivée à Vancouver. Hyper simple les formalités !

Devant Jade un bateau reconnaissable entre tous même avec sa nouvelle robe rouge alors que je l'avais toujours vu verte: Marguerite, le bateau personnel de Michel Joubert .

Fameux architecte qui avec son compère Nivelt a quand même remporté l'America's Cup 1988 en dessinant une espèce de libellule, un catamaran Américain de 18m du nom de Stars and Stripes qui avait ridiculisé le monocoque géant Kiwi de 40m en lui tournant autour.

Depuis cette course n'a plus été la même, une nouvelle ère s'annonçait.

Nous avions navigué avec Michel de conserve du côté de Kodiak juste avant qu'une opération cardiaque de la dernière chance ne l'emporte.

Marguerite est aujourd'hui entre les mains d'un marin français qui l'exploite en charter dans le coin.  Evidemment nous ne pouvons que sympathiser en évoquant le souvenir triste de Michel Joubert, un homme généreux et plein d'humour.

Pour juste le définir: vivant à La Rochelle il avait choisi d'habiter une ferme loin de la Mer (!) et quand je le rencontrais il m'était beaucoup plus difficile de parler bateau que voitures. Fous de voitures il avait avec son copain Gille Florin participé à plusieurs Dakars!!!

Marguerite et son célèbre propriétaire Michel Joubert
Marguerite et son célèbre propriétaire Michel Joubert
Marguerite et son célèbre propriétaire Michel Joubert

Marguerite et son célèbre propriétaire Michel Joubert

Marguerite devant Jade à Prince Rupert

Marguerite devant Jade à Prince Rupert

                                          PRUTH BAY ET FURY COVE

 

Nous arrivons assez rapidement à Fury Cove , une autre escale incontournable, une merveille de mouillage très fréquenté en Juillet mais absolument vide et sauvage pour nous seuls en fin Septembre .

La veille nous avions testé un mouillage qui m'avait été recommandé: Pruth Bay où des scientifiques étudient faune et flore locales loin de tout.

L'occasion d'une belle balade à terre vers une grande plage de sable blanc où se fracassent les rouleaux du Pacifique sans rencontrer d'obstacle depuis le Kamchatka. 

L'occasion aussi de faire quelques belles photos de reflexions de paysages sur un miroir immobile et fragile.

  

Premier mouillage en British Columbia. Captain's Cove.
Premier mouillage en British Columbia. Captain's Cove.
Premier mouillage en British Columbia. Captain's Cove.

Premier mouillage en British Columbia. Captain's Cove.

Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce
Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce

Pruth Bay en haut et Fury Cove. Raymond s'enivrant des fragrances du bois de Spruce

Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)
Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)
Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)
Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)
Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)
Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)
Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)

Les Broughtons (BC) : la brume devient une alliée du photographe. (photo de la lune: Raymond Proner)

Sur la route de Malibu. Les Canadiens exploitent de manière intensive leurs immenses forêts pour la pâte à papier.
Sur la route de Malibu. Les Canadiens exploitent de manière intensive leurs immenses forêts pour la pâte à papier.
Sur la route de Malibu. Les Canadiens exploitent de manière intensive leurs immenses forêts pour la pâte à papier.

Sur la route de Malibu. Les Canadiens exploitent de manière intensive leurs immenses forêts pour la pâte à papier.

                                               PRINCESS LOUISA INLET

 

Courte escale dans les Broughtons en plein brouillard ce qui nous vaut de très belles ambiances d'automne.

La fin Septembre approche et le 28 nous franchissons in extremis (forts courants en dehors de l'étale) les Malibu Rapids qui mènent à l'un des plus beaux sites de la British Columbia: Princess Louisa Inlet, que j'ai décrit déjà dans plusieurs articles précédents.

Malgré l'habitude c'est toujours un éblouissant paysage de haute montagne et de parois de granit verticales. Cette année je m'amuse à toucher de l'étrave une falaise en devers qui nous domine de plusieurs centaines de mètres et Catherine parvient à arracher quelques feuilles aux arbustes dont on se demande toujours comment ils peuvent pousser dans ces conditions : une faille, pas de terre, mais sans doute de l'eau aufond...

Cette année pas la queue d'un cèpe: il a fait trop sec, la végétation est un peu rabougrie et les sous-bois souffrent d'un manque frappant d'humidité.

Princess Louisa Inlet.
Princess Louisa Inlet.
Princess Louisa Inlet.
Princess Louisa Inlet.
Princess Louisa Inlet.
Princess Louisa Inlet.
Princess Louisa Inlet.

Princess Louisa Inlet.

Nous rendons visite au manager du camp de vacances vide à présent de ses jeunes gens qui viennent pour une somme rondelette passer des vacances d'été dans la grande nature: kayak, escalades, randonnées en forêts, feux de camps le soir au coucher du soleil dans le plus beau des environnements : j'en rêve pour mes petits enfants mais j'ai l'impression qu'il faut faire partie de clubs américains confessionnels et très fermés.

JFK et Marilyn y ont séjourné du temps où c'était l'hôtel le plus confidentiel qui soit, accessible uniquement par la mer.

Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).
Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).
Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).
Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).
Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).
Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).
Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).

Malibu Club (Princess Louisa Inlet). Un Chadburn ici relique des temps anciens mais nous en avons un à bord qui fonctionne parfaitement (seuls certains initiés peuvent comprendre!!!).

Vancouver n'est plus très loin, une escale dans la très jolie Bargain Bay et nous déposons nos amis Calédoniens au ferry qui va les conduire en quelques minutes à Vancouver d'où ils prendront le vol pour Auckland et Nouméa.

 

Bargain Bay dans le Nord de Vancouver.
Bargain Bay dans le Nord de Vancouver.
Bargain Bay dans le Nord de Vancouver.

Bargain Bay dans le Nord de Vancouver.

                                                FIN DE L'EPISODE

 

Un mois passé très vite en leur bien agréable compagnie, elle très active et championne des plats inventifs, lui bien calme et efficace pour aider Raymond aux maneuvres et à la pêche!! Et avec moi combien d'échanges passionnants, le soir, à refaire le Monde!! Nous avons beaucoup de points communs à commencer par un Garcia.

Une nouvelle croisière s'achèvera bientôt.

J'ai choisi de ne pas rester à Sitka cette année pour ne pas risquer de nouveaux ennuis liés au gel et voilà que j'aprends qu'il fait -10° à Seattle pour Noël!!!

J'ai laissé Raymond derrière moi sur le ponton de Sidney tout près de Victoria la capitale de la Province de Colombie Britannique. Nous avions ensemble fait les quelques milles depuis Salt Spring Island dans un brouillard d'une épaisseur rare, naviguant au radar et aux sons des cloches et cornes de brume.

Quand je suis reparti seul je n'en menais pas large et puis le Dieu de la Mer m'accompagnait: la brume s'est soudain levée et je voyais déjà là bas ma destination finale de 2022.

Je suis en effet retourné à Roche Harbor où j'ai de bons amis qui veilleront sur Jade pendant mon absence.

Comme d'habitude je me retrouve très seul à bord. Du coup c'est de nouveau 3 semaines de travaux intensifs à raison de 10h/jour pour préparer ce grand bateau pour l'hiver.

Mais je sais qu'au retour je serai le plus heureux des hommes de retrouver Jade impeccable et cette fois-ci très certainement avec mon équipière de base Dominique qui n'a pas navigué à bord depuis 2019 .   

Jade à Roche Harbor entre les mains de Mark son ange gardien.
Jade à Roche Harbor entre les mains de Mark son ange gardien.
Jade à Roche Harbor entre les mains de Mark son ange gardien.

Jade à Roche Harbor entre les mains de Mark son ange gardien.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
commentaires
J
Merci Jojo pour cette superbe narration. NOMADES à peu navigué cette année - à peine 3 mois…………<br /> Passez de belles fêtes de fin d’année sur le Kaillou. Retour pour nous début mars. Bises à vous deux
Répondre
S
Je n'ai qu'un mot en commentaire : Merci <br /> Par contre, il peut se décliner sur beaucoup de thèmes : pour ta devise, ton ecriture de partage fluide , accessible et humaine, la beauté des photos, l'Aventure avec un grand A .....<br /> Meilleurs vœux pour 2023 et donc 2023 amicaux bisous à partager avec Dominique <br /> <br /> Sophie de Pornic
Répondre

Haut de page